DU RIO DE S. FRANCISCO. 309 voyais l’instant où j’allais être privé de pouvoir écrire. Tous les désagréments se réunissaient pour rendre ce voyage in supportable : souvent je manquais des choses les plus né cessaires à la vie ; je ne trouvais point de plantes ; rien ne venait me distraire; je succombais sous le poids de l’ennui. Le jour de mon départ de Posse (24 septembre), je fus pourtant moins malheureux ; je traversai un charmant pays, ce qui ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. Après avoir quitté le poste, j’entrai dans un campo où la terre est très-bonne et d’un rouge foncé. Là se trouvent la plupart des arbres qui caractérisent les taboleiros cobertos; mais ils ont une vigueur inaccoutumée; ils sont plus éle vés qu’ailleurs, plus droits, moins écartés les uns des au tres, et entre eux croissent de nombreux sous-arbrisseaux. Les pluies qui étaient déjà tombées, quoique peu considé rables, avaient agi sur la végétation de la plupart de ces arbres, et alors ils commençaient à se couvrir de feuilles nouvelles et d’un vert tendre : parmi eux, il était impossi ble de ne pas distinguer le socopira, légumineuse à feuilles ailées, dont les fleurs, d’une couleur de chair charmante, sont disposées en longues panicules. Au milieu de ce joli campo, le chemin, toujours parfaitement uni et assez large, décrit d’agréables sinuosités; le voyageur européen croirait presque qu’il parcourt un jardin anglais où l’on se serait plu à rassembler une foule d’arbres contrastant entre eux par leur forme et leur feuillage. Quand on a fait 1 lieue, le pays change d’aspect. Tou jours parfaitement uni, il offre un agréable mélange de pâturages, de petits bouquets de bois épars çà et là et très- multipliés ; enfin de terrains marécageux au milieu des quels croissent des boritys (Mauritia vinifera, Mart.).