donnent des fleurs. Pendant longtemps, j’ai cru que ces plantes étaient des espèces distinctes, particulières aux queimadas, comme d’autres appartiennent exclusivement aux taillis qui remplacent les forêts vierges ; mais un examen attentif m’a convaincu que ces prétendues espèces ne sont que des individus avortés d’espèces naturellement beaucoup plus grandes et destinées à fleurir dans une saison différente. Pendant la sécheresse, époque de l’incendie des campos, la végétation de la plupart des plantes qui les composent est, en quelque sorte, suspendue, et celles-ci n’offrent que des tiges languissantes ou desséchées. Cepen dant il doit arriver ici la même chose que dans nos climats; durant cet intervalle de repos, les racines doivent se forti fier et se remplir de sucs destinés à alimenter des pousses nouvelles, comme on en voit un exemple frappant chez la Colchique et chez nos Orchidées. Dans les queimadas, l’in cendie des tiges anciennes détermine le développement des germes; mais, comme les nouvelles pousses paraissent avant le temps, et que les réservoirs de sucs destinés à les nourrir ne sont pas encore suffisamment remplis, les feuilles se développent mal ; le passage de celles-ci à la fleur se fait rapidement, et cette dernière met bientôt un terme à l’accroissement de la tige (1). Comme je l’ai déjà fait ailleurs, j’engagerai les botanistes qui décrivent les plantes du Brésil d’après des herbiers à faire des efforts pour rapprocher des véritables espèces les avortons singu liers que produisent les queimadas, et à ne pas céder à la (1) Voyez mon Introduction à F Histoire des plantes les plus remar quables du Brésil et du Paraguay, et mon Tableau géographique de la végétation primitive dans la province de Minas Geraes (Nouvelles annales des voyages, 1837).