de ces gazons. Les arbres qui s’élèvent plus loin forment, comme je l’ai dit, un épais fourré d’une verdure qui me charma d’autant plus que partout ailleurs les végétaux ligneux étaient à demi dépouillés de leurs feuilles et que les pâturages, desséchés par l’ardeur du soleil, n’offraient plus qu’une couleur grisâtre. Derrière la cascade, les rochers, dans le tiers de leur hauteur, à partir du sommet, sont nus, entièrement à pic et laissent apercevoir leur couleur noirâtre à travers la nappe argentée qui tombe avec fracas. Au tiers de leur hauteur, ils se creusent pour former une grotte irrégu lière et peu profonde, tapissée de fougères ; plus bas en fin, ils sont encore nus et noirâtres comme au sommet. La blancheur éclatante des eaux de la cascade et cette zone irrégulière de verdure qu’on découvre derrière elle, entre des rochers noirs, produisent l’effet le plus agréable et le plus pittoresque (1). Les rochers noirs et à pic de la cascade s’étendent à sa gauche, et là, au-dessous d’eux, le terrain s’incline en for mant une pente rapide. A l’endroit où celle-ci commence est une rangée d’arbrisseaux serrés les uns contre les au tres, qui cachent la base des rochers, et du milieu de ces arbrisseaux s’élèvent quelques Palmiers dont la tige, aussi (1) Cazal dit que des oiseaux de diverses espèces construisent leurs nids dans les cavités du rocher et élèvent leurs petits hardiment et à la vue de tout le monde, malgré le fracas que fait la cascade en se préci pitant. Je n’en ai pas aperçu un seul, et je doute que l’abondante rosée qui tombe sans cesse dans la grotte permette à aucun animal de l’habi ter. On voit, par ma description, que Pizarro s’est également trompé quand il assure que l’eau disparait immédiatement après sa chute, pour se remontrer à quelque distance.