il est incontestable que les habitants de Valdea se rappro chent moins des nègres que des Américains indigènes, et c’est comme Indiens qu’ils sont considérés dans tout le pays. Il est aisé de juger, d’après le portrait fidèle que je viens de tracer, que ces hommes ont une extrême laideur, et leurs femmes ne sont pas plus jolies qu’eux; cependant ils ont tous un air de douceur qui fait bientôt oublier ce que leur physionomie offre d’abord de repoussant. Je causai avec plusieurs d’entre eux et leur trouvai plus de sens et de raison que n’en montrent communément les Indiens de race pure, qui ne sont que des enfants spirituels. Je fus surtout très-content du capitaine de Valdea (1); il resta longtemps avec moi, et répondit à toutes mes questions avec beaucoup de politesse et de complaisance. D’après les renseignements qui m’ont été donnés par lui et par d’autres Indiens, voici quelle a été l’origine de Valdea du Rio das Pedras : A l’époque où les Paulistes for mèrent, dans la province de Goyaz, leurs premiers établis sements , les Coyapôs, exaspérés sans doute par la cruauté de quelques-uns d’entre eux, se mirent, comme je l’ai déjà dit, à infester la route de S. Paul à Villa Boa et jetèrent l’épouvante dans les caravanes. Antonio Pires, qui avait réduit plusieurs nations indiennes dans le pays de Cuyabâ et qui était connu par son intrépidité, fut invité à donner des secours à la colonie naissante. Déjà avancé en âge, il ne put se mettre lui-même à la tête de l’expédition ; mais, à sa place, il envoya son fils, le colonel Antonio Pires de (1) Je ne me suis malheureusement pas informé du nom de ce digne Indien; mais il parait évident qu’il était déjà à la tête de Valdea lorsqu’y passa d’Eschwege en 1816, et, par conséquent, il devait s’appeler Leo- poldo.