DU RIO DE S. FRANCISCO. 253 A l'exception d’un ou deux individus, je ne vis point dans Yaldea du Rio das Pedras d’indiens de race pure. A peu près tous doivent leur origine à un mélange de la race américaine avec celle des nègres (1). Leur peau, beau coup plus foncée que celle des Indiens, est d’un bistre presque noir; ils ont les épaules et la poitrine larges, le cou gros, fort court et le plus souvent augmenté d’un énorme goitre; leurs jambes ne sont point fluettes comme celles des Indiens; leur tète est très-grosse et anguleuse; leur nez est démesurément élargi ; leurs yeux sont allongés, mais moins divergents que ceux des Indiens de race pure ; leurs lèvres ne sont pas aussi grosses que celles des nègres ; ils ont de la barbe; leurs cheveux, qu’ils laissent croître, sont très-touffus , fort durs et cependant crépus. Tels sont les traits généraux de ces métis; mais on observe parmi eux des différences individuelles fort remarquables : ainsi je vis deux ou trois enfants qui, quoique presque noirs, avaient les cheveux entièrement lisses. Quoi qu’il en soit, (i) Ces métis étaient autrefois désignés par le nom de caribocas (Marcgraff, Hisl. nat. Bras., 268). Je n’ai entendu prononcer ce mot nulle part; cependant il paraîtrait qu’il ne s’est pas entièrement perdu, car Cazal dit que, des blancs et des nègres mêlés avec les Parexis, sont issus les mamalucos et les curibocas qui forment le noyau de la popu lation de Cuyabâ. Marcgraff applique aussi le nom de cabocles au même mélange, et tout récemment George Gardner, voyageur très-distingué, l’a pris dans le même sens (Travels , 22 ) ; mais je dois dire que les mots caboclos et cabocos m’ont toujours paru pris dans un mauvais sens pour désigner tout individu qui appartient à la race indienne ; ainsi on appelait mon Botocudo un caboco, et il était bien certainement de race américaine sans aucun mélange. Ce sont, sans doute, les caribocas que M. le comte de Suzanet indique sous le nom de mulâtres indiens (Sou venirs , 226) ; mais ces mots me semblent impliquer contradiction : des mulâtres indiens ne seraient pas des mulâtres.