« Une des causes qui contribuent surtout à l’appau- « vrissement de cette capitainerie est le mépris qu’on y « fait des liens de la famille. Les mariages y sont rares et « tournés en ridicule, ce qui dérive, sans doute, de l’im- « moralité des plus anciens colons. Les blancs vivent dans « le désordre avec les femmes de couleur et les Indiennes ; « ils s’intéressent peu aux enfants qui naissent de ces « unions momentanées et négligent d’augmenter une for te tune qu’ils doivent laisser à des collatéraux. Leurs maî- « tresses, sachant qu’elles ne peuvent compter sur un « long attachement, se hâtent de mettre à profit l’ascen- « dant qu’elles exercent sur eux et achèvent de les ruiner. « D’un autre côté, le sang s’altère chaque jour davan- « tage, et déjà l’on ne trouve plus, dans la capitainerie, « assez de blancs pour remplir les emplois publics. « Les enfants nés d’unions illégitimes et passagères ne « reçoivent aucune éducation ; ils prennent de bonne heure « l’habitude du vice, croupissent dans l’ignorance, ne con- « naissent ni famille, ni patrie, et refusent de travailler, « sous prétexte que le sang des blancs coule dans leurs « veines. « Il serait essentiel que le gouvernement encourageât « les mariages par des exemptions d’impôts et dégoûtât « du célibat par une augmentation de charges. « La capitainerie de Goyaz est traversée par de grandes « rivières, et la principale d’entre elles, le Tocantins, est « par elle-même d’une navigation facile. Pour donner un « débouché aux denrées du pays, il suffirait de faire con- « struire des barques, d’établir, de distance à autre, sur « les bords du fleuve, des espèces de magasins où l’on « pût trouver des vivres, et de placer, dans le voisinage,