DU RIO DE S. FRANCISCO. 159 Après avoir quitté la belle solitude que j’ai décrite tout à l’heure, nous parcourûmes encore des bois et des campos. Enfin des traces de bestiaux nous annoncèrent que nous nous rapprochions des habitations, et effectivement nous arrivâmes à une fazenda, celle de Jacu, où nous fûmes très-bien reçus. On nous établit dans un grand bâtiment où se faisait la farine de manioc. C’était un gîte peu magnifi que, mais je me trouvais heureux de pouvoir travailler sans être dévoré par les insectes, ni brûlé par le soleil, et de penser que je ne serais pas obligé de m’enfumer pendant la nuit, pour ne pas geler de froid. Entre la fazenda de Jacû et Villa Boa, dans un espace de 5 legoas, nous traversâmes presque toujours des campos où la chaleur ne pouvait se supporter. Ce jour-là, et surtout la veille, nous vîmes plusieurs de ces fonds marécageux où croît le borily, asile de deux magnifiques espèces d’aras, ceux dont le plumage est entièrement bleu et ceux qui ont le manteau bleu et le ventre jaune (Psittacus kyacinthinus et P. Araraund) (1). chargeai le bon Laruotte de l’accompagner. Le Botocudo tomba malade à Contendas, dans le Sertâo, chez mon digne ami le curé Antonio Nogueira Duarte. La saison des pluies approchait ; M. Nogueira conseilla à La ruotte de partir, et lui promit de renvoyer le Botocudo dans son pays. Je n’avais plus entendu parler de celui-ci, lorsque j’ai appris, par les Souvenirs de M. le comte de Suzannet, qu’il était mort de la rougeole au milieu de sa peuplade. Si cet ouvrage parvient dans le Sertào comme ma première relation, M. Nogueira Duarte saura que j’ai été aussi touché que reconnaissant de la marque d'amitié qu’il a bien voulu me donner en remplissant fidèlement sa promesse. (1) J’ai déjà dit ailleurs que ces deux espèces d’aras vivent au milieu des borilys et eu mangent les fruits ; j’ai aussi fait connaître l’erreur singulière dans laquelle sont tombés l’illustre Marcgraff et, depuis lui, tous les naturalistes, relativement au nom de ces oiseaux (Voyage dans les provinces de Rio de Janeiro et de minas Geraes, II, 376).