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majestueusement au-dessus d’un pâturage humide, et tout le paysage était dominé par la Serra Dourada que couronne une masse de rochers à pic, dont le sommet présente une espèce de plate-forme : c’était une magnifique solitude. Dans ce voyage, je demandai un jour au Botocudo Fir- miano pourquoi il était alors si gai, tandis qu’il avait été presque toujours triste lorsque nous parcourions le litto ral. C’est, me dit-il, parce que, pendant le voyage du Rio Doce, mon grand pou était resté à Rio de Janeiro, et il m’a accompagné dans celui ci. — Qu’est-ce que ton grand pou? — C’est un pou gros comme un rat, qui me suit par tout; mais je ne le vois que pendant la nuit, lorsque je dors, et encore est-il souvent plusieurs nuits sans se mon trer. Quand il veut causer avec moi, il s’attache à mes che veux et me parle à l’oreille. — Que te dit-il? — Il me dit ce que je dois faire et me gronde quand je le mérite. Par exemple, il me faisait souvent des reproches à Rio de Ja neiro, lorsque je cassais tant de plats et tant d’assiettes. — T’a-t-il quelquefois parlé de moi?— Fort souvent, et il m’a dit que vous étiez très-bon. — Tous les hommes de ta na tion ont-ils, comme toi, un grand pou? — Quelques-uns en ont un, d’autres n’en ont pas. Mon père n’en a point, mais ma tante en a un. Cette conversation, que j’eus le soin d’écrire, prouve que, si les Botocudos n’ont aucune idée de Dieu, ils ont au moins quelque idée des es prits (1). (1) S’il m’est permis de continuer nies travaux, je donnerai ailleurs, avec quelque ditail, la fin de l’histoire de Firmiauo. Je dirai seulement ici que, voulant rendre hommage à la liberté des Indiens, j'offris à ce jeune homme, avant mon départ pour l’Europe, ou de s’embarquer avec moi, ou de retourner dans son pays. Il préféra ce dernier parti, et je