du romarin). Le pays que l’on découvre de son sommet est montueux, sans habitants, sans culture, et alors toute la campagne était desséchée par l’ardeur du soleil. Comme je voulais, ce jour-là, veille du 1 er de juin, célé brer, avec ma petite caravane, l’anniversaire de mon arrivée au Brésil, je ne fis que 2 lieues. Je m’arrêtai au Sitio de Garapa (1), qui se compose d’une réunion de chétives mai sonnettes. Le propriétaire était allé au village de Santa Luzia pour les fêtes de la Pentecôte; mais je fus très-bien reçu par sa femme. Quand il arriva, il trouva toute sa chambre occupée par mes effets, et cependant il me fit un fort bon accueil. Comme les propriétaires de Riacho Frio, cet homme possédait un petit troupeau de moutons ; mais c’était uniquement pour en avoir la laine, car ici on ne mange point la chair de ces animaux. Je vis chez mes hôtes des couvertures qui avaient été faites avec cette laine, et je les trouvai assez fines. Quant à la petite fête que j’avais voulu célébrer, quelques poulets et du punch en firent tous les frais ; je n’avais point alors à me plaindre de mes gens; ils paraissaient contents, il n’en fallait pas davantage pour me rendre aussi heureux que je pouvais l’être. Au delà de Garapa, je montai sur un petit morne ; en suite le chemin fut toujours parfaitement plat, quoique de (1) Le mot garapa désigne aujourd'hui le jus de la canne à sucre; mais il est certainement indien, et il parait que les indigènes l’appli quaient jadis aux boissons douces qu’ils faisaient avec du miel. Voici, en effet, comment s’exprime Roulox Barro dans son Voyage au Bré sil, traduit par Moreau en 1647 : « Les plus gaillards des Tapuies fu rent chercher du miel sauvage et des fruits, dont ils firent un breuvage qu'on nomme de la grappe. » (Voyez mon Histoire des plantes les plus remarquables, etc., 1, 190.)