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ceux-ci passaient la rivière à la nage. Le mot minhocào est un augmentatif de celui de minhoca, qui, en portugais, signifie ver de terre, et, en effet, on prétend que le mons tre dont il s’agit ressemble absolument à ces vers, avec la différence qu’il a une bouche visible; on ajoute qu’il est noir, court, d’une grosseur énorme; qu’il ne s’élève point à la surface de l’eau, mais qu’il fait disparaître les bestiaux en les saisissant par-dessous le ventre. Lorsque, vingt jours environ après avoir quitté la rivière et le village de Pilôes, je séjournai, comme on le verra, chez le commandant de Meiaponte, M. Joaquim Alves de Oliveira, l’un des hommes les plus recommandables que j’aie jamais rencon trés, je le questionnai sur les minhocoes; il me confirma ce qui m’avait déjà été dit, me cita plusieurs exemples récents de malheurs causés par ces monstres, et m’assura en même temps, d’après le rapport de quelques pêcheurs, que le minhocào, malgré sa forme très-arrondie, était un vérita ble poisson pourvu de nageoires. J’avais d’abord pensé que le minhocào pouvait être le Gymnotes Carapa qui, suivant Pohl (1), se trouve dans le Rio Vermelho; mais il paraît, d’après cet auteur, que ce dernier poisson porte dans le pays le nom de ferma termi, et d’ailleurs les effets produits par les Gymnotes ou anguilles électriques, bien connus, toujours selon Pohl, des mulâtres et des nègres du pays qui les ont souvent éprouvés, n’ont rien de commun avec ce qu’on raconte du minhocào. M. le professeur Gervais, à qui j’ai communiqué mes doutes, a porté mon attention sur la des cription que P. L. Bischoff a donnée du Lepidosiren (2) ; et, (1) Beisc, I, 360.— Voyez aussi, sur le terma termi ou termelerme, Gardner, Travels, 354. (2) Annales des sciences naturelles, 2‘ série, vol. XIV, 116.