116 VOYAGE AUX SOURCES Chez ces Indiens, comme chez toutes les peuplades que j’avais visitées jusqu’alors, ce sont les femmes qui trans portent les fardeaux. J’ai vu sur le dos de ces pauvres créatures d’énormes faisceaux de bois ou desjucunus pleins de mandubis (Avachis hypogea) qui descendaient jusqu’au milieu de leurs jambes, et étaient simplement retenus par l’anse, passée comme un bandeau sur le sommet de leur tête. C’est de la même manière que ces femmes portent leurs enfants lorsqu’elles vont au travail et qu’elles veulent con server le libre usage de leurs bras. L’enfant est assis sur une liane retenue par le front de sa mère; il a les jambes appuyées sur les hanches de celle-ci, et il se cramponne à ses épaules avec les mains. Tant qu’il y a quelqu’un dans la chaumière des Coya- pés, on y conserve du feu, et les hommes comme les femmes sont ordinairement accroupis tout autour. Ce n’est cependant point dans l’intérieur de la maison que l’on fait cuire la viande. Les femmes, qui sont char gées de ce soin, creusent des trous dans la terre; elles met tent des pierres au fond, et par-dessus elles allument du feu qu’elles retirent lorsque les pierres sont rouges. Alors elles arrangent sur celles-ci les morceaux de viande qu’elles veulent faire cuire; puis vient un lit de feuilles, et de la terre achève de remplir le trou. De cette manière, la viande cuit inégalement; mais j’ai ouï dire à des Portugais qu’elle avait un fort bon goût (I). (1) Cette manière de faire cuire la viande était en usage chez les plus anciennes peuplades brésiliennes, les Tupinambas et les Tapuyas, et elle se retrouve dans les lies de la mer du Sud (Ferdinand Denis, Bré sil, 18).