DU RIO DE S. FRANCISCO. 113 guérir, il paraît qu’elles contribuent beaucoup à les dé truire. Ces hommes-enfants, n’ayant point de guide, se livrent à tous leurs caprices et hâtent fort souvent la fin de leur existence : presque tous furent, il y a quelques années, attaqués de la rougeole; au milieu de la fièvre, ils allaient se baigner dans l’eau froide, et il en périt plus de quatre-vingts. D’ailleurs, je n’en ai pas vu un seul qui eût un goitre, difformité qui défigure tous les pé destres, leurs surveillants, et qui, comme on l’a vu, est presque générale à Villa Boa. D’après les renseignements que j’ai pris, il paraît que non-seulement les Coyapôs encore sauvages n’ont point de culte, mais encore qu’ils n’ont aucune idée de la Divinité. Pour dire Dieu, ceux de Y aide a se servent, il est vrai, du mot puhanca, qui n’est certainement emprunté ni du por tugais ni de la lingoa gérai (4 ) parlée jadis par les Portugais- Paulistes; mais le terme par lequel ils désignent le cheval n’a aucun rapport non plus avec le mot portugais cavallo ou le mot de la lingoa gérai, cabaru, et cependant ils ne connaissent cet animal que depuis l’arrivée des Portugais dans leur pays (2). A l’exception d’un petit nombre de vieil lards auxquels on n’a pu apprendre les prières les plus (1) La lingoa gérai était celle des Indiens de la côte. Les jésuites en avaient composé la grammaire et le dictionnaire, et elle avait été adop tée par les Paulistes qui vivaient au milieu des indigènes. La lingoa gé rai et le guarani des réductions du Paraguay sont des dialectes du même idiome (voyez mon Voyage dans le district des Diamants et sur le lit toral du Brésil, II, 11). (2) Avant la découverte, les Coyapôs n’avaient également vu aucun Africain ; mais ils n’ont pas forgé de terme pour désigner un nègre : leur mot tapanho vient évidemment de tapanhûna, qui, dans la lingoa gérai, signifie noir. II. 8