faire leur goût pour la viande, pour l’eau-de-vie et le tabac (1). Les Coyapôs possèdent donc aussi peu que les autres In diens les qualités nécessaires pour vivre au milieu de notre civilisation toute fondée sur l’idée de l’avenir : il leur fau drait des tuteurs bienfaisants, comme ceux qui firent fleu rir les aldeas de la côte et les réductions du Paraguay ; ces tuteurs, on les a pour jamais enlevés aux Indiens, et bientôt il ne restera plus rien des anciennes peuplades indigènes qui couvraient jadis la terre du Brésil (2). Dans ce môme lieu qu’habitaient les Coyapôs, lors de mon voyage, avaient vécu, comme on le sait déjà, d’autres Indiens, les Acroas, puis les Carajâs et les Javaes; cinquante ans ont suffi pour les faire disparaître tous ,et en trente années les Coyapôs eux-mêmes ont été réduits à deux cents de six cents qu’ils étaient d’abord. De nouvelles immigrations d'individus en tièrement sauvages, si elles ont eu lieu, ce qui n’est pas absolument impossible, comme on le verra tout à l’heure , auront pu prolonger l’existence de l’Aldea de S. José; mais elles auront accéléré l’anéantissement de la peuplade en tière, et bientôt le voyageur qui cherchera cet aldea ne trouvera plus que des ruines et la continuation d’un désert. Les Portugais ont communiqué les maladies vénériennes aux Coyapôs, et, comme ceux-ci n’ont aucun moyen de s’en (1) La douceur, qui, comme on voit, est, chez les Coyapôs, une qua lité naturelle, tend à prouver que les cruautés reprochées à leurs ancê tres n’étaient que des représailles. Si, dès l’origine, on s’était conduit avec ces sauvages comme le fit depuis le soldat Luiz, on aurait certai nement obtenu des résultats semblables. (2) Voyez ce que j’ai écrit sur les Indiens dans mes deux premières relations.