(ants leur rudesse primitive : on ne peut pas dire même qu’ils soient grossiers, mais, à l’exception des fazendeiros aisés, qui sont peu nombreux, ils n’ont acquis aucune po litesse. Le dernier Mineiro sait causer, et le fait souvent avec esprit et amabilité : les colons goyanais gardent un silence stupide; ils ont un air d’indolence, une sorte de niaiserie qui les fait reconnaître sans aucune peine. A Mi nas, j’étais accueilli partout avec hospitalité; les hommes les plus pauvres semblaient me voir avec plaisir et m’enga geaient à partager leur repas : à Goyaz, on m’indiquait nonchalamment le triste réduit qui devait m'abriter, et, excepté ceux à qui j’étais recommandé, personne ne m’of frait la moindre chose. Malgré tout ce qui précède, il ne faudrait point s’ima giner que ces hommes sont dépourvus d’intelligence. On trouve à Villa Boa des ouvriers extrêmement habiles qui imitent avec une grande perfection ce qu’on leur montre, et qui pourtant n’ont point eu de maîtres. Mais, comme j’ai déjà eu occasion de le dire, les Goyanais n’ont, en géné ral, aucune occasion de cultiver leurs facultés intellectuelles et leur aptitude pour l’industrie; ils vivent isolés, dans l’indigence, et, si quelque chose doit étonner, c’est que plusieurs d’entre eux ne soient pas tombés dans un état plus voisin encore de celui des sauvages. Je crois que les Goyanais, comme les Mineiros, devien draient facilement religieux, si on les instruisait des vérités du christianisme et qu’on leur fît goûter ses ineffables con solations; mais ils restent sans guide, on les laisse croupir dans une honteuse ignorance, et ils remplacent la religion par des superstitions absurdes. Comme la plupart des autres Brésiliens de l’intérieur, ils croient aux sorciers, aux reve-