330 VOYAGE AUX SOURCES suite arriva l’époque de la décadence et de la misère, on ne fit presque plus d’achats, et les états de Luiz Antonio da Silva e Sousa, cités plus haut, montrent que, dans l’es pace d’un demi-siècle, le nombre des esclaves du sexe mas culin avait diminué des deux tiers. Cependant il s’était formé une population permanente composée de blancs que diverses circonstances avaient atta chés au pays, et d’un nombre bien plus considérable de métis qui n’avaient jamais pu songer à en sortir; les émi grations eurent un terme et les choses prirent à peu près leur cours naturel. Si l’habitude du concubinage, que les premiers colons avaient fait passer dans les mœurs, nuit aux progrès de la population, ils sont, d’un autre côté, fa vorisés par un climat généralement salubre et par la fécon dité des femmes, qui ne peut pas être, à Goyaz, moins grande que dans les Mines. Sur la vaste paroisse de Santa Luzia, on ne comptait annuellement, à l’époque de mon voyage, que quarante décès sur cent et tant de naissan ces (1). Toutes les parties de la province de Goyaz ne parti cipent pas, sans doute, aux avantages dont jouissait la pa roisse de Santa Luzia, celui d’une incontestable salubrité, celui plus grand encore d’être dirigée par un pasteur ver tueux dont les discours et les exemples excitaient les colons au travail et qui faisait tous ses efforts pour les amener à ne contracter que des unions légitimes ; cependant il serait (1) Je crois que les chiffres indiqués ici méritent toute la confiance que l’on peut accorder aux états de population faits au Brésil, et peut- être en méritent-ils plus que la plupart d’entre eux; mais je dois ajouter que M. d’Eschwege donne de très-bonnes raisons pour faire penser que, dans ces états, le nombre des décès reste généralement au-dessous de la vérité.