322 VOYAGE AUX SOURCES Les bois que j’ai traversés dans la province de Goyaz, sans perdre entièrement leurs feuilles pendant la sécheresse, comme lescatingas de Minas Novas (1), ne ressemblent point aux forêts vierges de Rio de Janeiro ni même à celles de Minas Geraes, et n’en ont nullement la majesté ; cependant on peut aussi y admirer de très-beaux arbres. Ceux-ci, il est vrai, sont écartés les uns des autres, mais les intervalles qu’ils laissent entre eux sont remplis par de grands arbris seaux qui se pressent, confondent leurs branches et sous lesquels on trouve de la fraîcheur et un ombrage délicieux. Ici de petits bambous aux tiges grêles et légères, ailleurs diverses sortes de Palmiers jettent de la variété dans les masses de verdure qui les entourent ; souvent de grandes lianes enlacent toutes ces plantes, et sans cesse le voyageur est récréé par des accidents de végétation, des différences de forme et de feuillage auxquels l’Européen n’est point accoutumé (2). I, 319). Pizarro dit d’une manière générale (Mem. hist., IX., 215) que cette forêt est extrêmement étendue du côté du nord, et qu’on ne lui connaît pas de fin du côté du midi. Je crois avoir ouï dire qu’elle se rat tache à celles de l’Amérique espagnole. Si ces diverses assertions ont quelque chose de vrai, je n’aurais pas dû donner, comme je l’ai fait {Aperçu d’un voyage dans l’intérieur du Brésil, dans les Mémoires du Muséum d’histoire naturelle, vol. IX), 9 lieues au Mato Grosso, dans sa plus grande longueur. (1) Voyage dans les provinces de Rio de Janeiro el de Minas Ge raes, II, 98. (2) On voit, d’après tout ce qui précède, qu’on a trompé l’abbé Cazal lorsqu’on lui a assuré que presque toute la surface de Goyaz était cou verte de catingas ( Corog., 1,319). Je dois d’autant plus relever cette erreur qu’elle a été répétée par les écrivains qui sont venus après l’esti mable auteur de la Corografia Brazilica. Je suis bien loin de dire qu’il n’y a ni véritables catingas, ni carrasqueinos dans la vaste province de Goyaz ; mais il n’en existe pas dans la partie que j’ai visitée.