vint à S. Paul avec de l’or et un si grand nombre de captifs que l’on aurait pu en peupler une ville. Les coupables ruses auxquelles cet homme aventureux dut de tels succès lui firent donner par les Goyâs le nom d’ÀNHANGUERA qui si gnifie vieux diable (1), nom que ses descendants ont con servé jusqu’à nos jours. L’ardeur avec laquelle les Paulistes se précipitèrent dans la province de Minas Geraes leur fit oublier pendant long temps les parties plus occidentales du désert. Cependant la découverte des mines de Cuyabâ rappela celles de Goyaz, et Rodrigo César de Menezes, gouverneur de S. Paul, excita ses administrés à retourner dans ce pays, exaltant leur imagination et leur offrant l’appât lointain des plus belles récompenses. Lorsqu’il avait pénétré chez les Indiens Goyâs, Bueuo était accompagné d’un fils, âgé de 12 ans, du même nom que lui. Cet enfant avait vieilli, mais il n’avait point perdu le souvenir du voyage de son père, et il alla offrir ses ser vices à Menezes : celui-ci les accepta; il fournit des secours à Bueno et lui promit que, si son entreprise réussissait, il aurait pour récompense le péage de plusieurs rivières. (1) C’est là du moins ce que disent les historiens du nom d'Anhan guera ; mais il n’est nullement vraisemblable que les Goyâs parlassent le guarani, et le mot Anhanguera appartient bien certainement à cette langue. Le sobriquet qui est resté aux descendants de Bueno lui avait sans doute été donné par des Indiens de la côte ou par les Paulistes eux- mêmes , qui, comme on sait, parlaient la lingoa gérai, dialecte du guarani. Anhang, en guarani, signifie âme, démon (Ruiz i»e Montota, Tes. leng. guar.) ; j'ai entendu un Indien du Paraguay se servir du mot anhangue, en parlant du cauchemar ou d’un étouffement; enfin ra est une expression qui indique la ressemblance (1. c.). Anhanguera, au lieu de vieux diable, signifierait donc l’homme semblable au mauvais esprit gui produit le cauchemar.