de faire connaître ajoutent généralement foi aux sorciers et aux loups-garous, et beaucoup de gens vont jusqu’à traiter d’hérétiques ceux qui se refusent à cette croyance. Je viens de dire combien il est utile pour les cultivateurs qu’ils aient l’occasion de se rassembler quelquefois et de communiquer les uns avec les autres; mais je dois ajouter que les avantages de leurs réunions dans les bourgades et les petites villes sont malheureusement compensés par les dangers qui les y attendent. La population permanente des villages est, en effet, ici comme dans le reste de la province des Mines, composée, en grande partie, d’hommes oisifs et de femmes de mauvaise vie , et sous les ranchos des plus humbles hameaux un libertinage honteux se montre quel quefois avec une effronterie dont on n’a pas d’exemple dans nos villes les plus corrompues. Compagne des mauvaises mœurs, la fainéantise est une des principales plaies de cette contrée. Dans un espace de 60 lieues , je fis des efforts inutiles pour me procurer un tocador, et cependant il existe partout une foule d’hommes pauvres et sans occupation ! Ceux qui sont mariés plantent sur le terrain d’autrui, et se résignent à travailler pendant quelques jours pour vivre sans rien faire tout le reste de l’année. Les célibataires, et c’est le plus grand nombre, vont d’une maison dans une autre; ils vivent aux dépens de leurs compères et de leurs commères, et s’engagent souvent dans des parties de chasse qui durent plusieurs mois; il faut bien qu’ils se vêtent, mais le plus léger travail leur suffit pour monter leur garde-robe, qui se com pose de deux chemises et d’autant de pantalons d’une toile de coton grossière. Outre le bonheur d’être oisifs, ils trou vent , dans cette vie nomade et indépendante , un autre