11 fi VOYAGE AUX SOURCES Le lendemain de mon herborisation dans la Serra , Fir- miano était presque rétabli; mais il semblait que je ne dusse plus jouir d’un seul jour de tranquillité. José Ma rianne faisait avec succès son apprentissage d’empailleur; cependant il avait laissé passer deux repas sans prendre de nourriture; il était devenu triste, et il me dit qu’il voulait aller chez lui chercher ses effets. Cette espèce de menace me livrait à de nouveaux tourments; car Firmiano n’était pas parfaitement rendu à la santé, et je n’avais point en core de tocador. Le bon alferes avait inutilement tâché de m’en procurer un; il finit par me dire qu’il croyait inutile d’en chercher plus longtemps dans les environs du Rio das Mortes. J’allai donc à S. Joào, et, afin d’être assuré de trouver quelque part un homme tel qu’il m’en fallait un, je priai Youvidor de me donner une lettre de recommandation pour les com mandants des villages où je devais passer en quittant le Rancho. Ce magistrat me reçut parfaitement et me remit une lettre pour le capitào m6r de Tamandua. J’étais plus fatigué que je ne puis le dire de tous les re tards que j’essuyais. Mes jambes pouvaient à peine me soutenir; on me trouvait extrêmement maigri, et je crai gnais de tomber malade à mon tour, si je restais plus long temps dans un pays où j’avais éprouvé tant d’inquiétudes et de chagrins, et pour lequel je sentais à chaque instant augmenter mon aversion. Enfin, le 18 de mars, je pris la résolution de partir le lendemain, quelque chose qui pût arriver. Le soir, je fis mon compte avec mes hôtes du Rio das Mortes Pequeno; mais, à l’exception de quelques pe tites provisions que je les avais chargés de m’acheter, ils ne voulurent rien me faire payer, et cependant c’ étaient des gens