demment, était le larron. J’ai su, depuis, que cet homme avait été relâché fort bénignement, ainsi que le maître de l’auberge que l’on avait considéré comme son complice. Le lendemain du vol, j’allai faire une visite dans la ville : la conversation devait naturellement tomber sur ce petit événement. Le maître de la maison disait beaucoup de mal des Mineiros; il prétendait qu’il n’y avait chez eux ni délicatesse, ni bonne foi; que les ouvriers faisaient de fausses clefs pour les nègres qui volaient leurs maîtres ; que lui-même en avait fait souvent la triste épreuve ; qu’à diffé rentes reprises il lui avait été volé, de cette manière, plus de soixante couverts d’argent, et qu’à peu près tous les marchands de S. Joao d’El Rei achetaient des esclaves les objets dérobés : celui qui me parlait ainsi était un Pauliste, et l’on sait que les hommes de son pays n’aiment point les Mineiros (1); il n’est donc pas étonnant qu’il exagérât les torts de ces derniers. Un Mineiro qui tenait un rancho dans la province de S. Paul , et avec lequel j’eus dans la suite l’occasion de m’entretenir, me parlait des Paulistes à peu près de la même manière. Quoi qu’il en soit, dans le cours de mon premier voyage, j’avais déjà reconnu qu'une délicatesse scrupuleuse n’était point la vertu favorite des habitants de Minas, et on ne doit pas être surpris qu’à S. Joâo d’El Rei, ville qui avoisine le plus Rio de Janeiro, port de mer et capitale, il y en ait encore moins que dans (1) Les Paulistes furent autrefois vaincus et chassés par les Foras- teiros, c’est-à-dire les étrangers qui étaient venus, après eux, dans la province des Mines, et dont les descendants forment, en grande partie , la population actuelle de cette province. L’éloignement que les Mineiros et les Paulistes ont eu longtemps et ont peut-être encore les uns pour les autres date de cette époque.