12 source contre les pertes que peuvent lui faire subir les voisins par suite de travaux souterrains diri gés ou non dans ce but. Cette intervention des principes de la géologie est en outre indispensable lorsqu'il s'agit des sources minérales, soit que l’on veuille circonscrire leur zone de protection, soit que l’on veuille cher cher à en augmenter le débit sans courir les risques de provoquer une perte. Enfin la santé publique exige l’examen minutieux des conditions géologiques des bassins des sources servant à la consommation. Voici deux exemples ayant trait à l'alimentation de Lisbonne. La source de l'Alviella est incontestablement une source de toute beauté, et il est probable que son captage est fait avec toutes les précautions nécessaires pour empêcher une infiltration des eaux fort impures du ruisseau dans lequel elle se jettait dès sa naissance. La sécurité publique exige davantage; elle demande à ce que l'on délimite le bassin hydrogra phique de la source, et que l’on prenne des mesures contre les causes d’infection qui peuvent exis ter dans ce périmètre. Ce bassin hydrographique embrasse une partie de la montagne calcaire située au Nord de la source, or dans cette montagne les habitants ont l’habitude de se débarrasser des animaux morts par suite de maladies contagieuses en les jetlant dans des crevasses ou puits naturels (algares) qui sont incontestablement en communication avec les eaux souterraines. Lorsque le fond de ces crevasses est à sec, comme c’est le cas en été pour bon nombre d'entre elles, la décomposition du cadavre a probablement lieu sans que ses produits viennent à souiller l'eau de la source, mais il n'en est pas de même en hiver. L’infection par les cimetières de cette même contrée serait encore plus dangereuse dans un cas d’épidémie, car il est a remarquer que la dernière épidémie de choléra en Portugal a fait des ravages considérables dans ces parages élevés qui par leurs conditions hygiéniques paraissent à l'abri de la contagion. —Un autre exemple nous est fourni par le nouveau cimetière de Caneças. Au commencement de 1885, la Junta de Saude fut prévenue que l'on construisait un cimetière à Caneças, à une faible distance de la source «dos Carvalheiros» qui est déversée dans l’aqueduc des Aguas-livres. Il lui fut exposé que toute l'eau tombant sur l'emplacement du cimetière se joindrait à la source, et par con séquent y entraînerait les produits de la décomposition des cadavres. La Junta de Saude fit lever un plan des lieux, et quoique ce plan confirma pleinement les as sertions qui lui avaient été soumises, il fut décidé de laisser continuer la construction du cimetière, parceque les matières organiques seraient probablement retenues en filtrant à travers les 200 mètres qui séparent le cimetière de la prise d’eau et que celles qui parviendraient à la source seraient pro bablement détruites par oxydation pendant le parcours dans l'aqueduc, entre Caneças et Lisbonne. Cette décision est sans doute due à l'engouement produit par l’idée grandiose du fdtrage des eaux d’égout de Berlin et de Paris, mais il est à remarquer qu'il est fort contesté que ce mode de purification de l'eau soit sans danger et que du reste elle n’a lieu que dans des terrains spéciaux. Dans le cas de Caneças, il n'est pas démontré qu'il y ait réellement filtration et non suintement à travers de petites fissures. Je dirai même que si cette faible distance suffisait pour purifier les eaux sans présenter de conditions toutes spéciales, il n'existerait guère de cimetière pouvant être préju diciable à une source. L’empoisonnement des sources par les eaux d’infiltration est pourtant un fait bien démontré. A ce sujet on consultera avec fruit les Leçons sur les nappes aquifères du Nord de la France par M. Gosselet 1 , et encore mieux les importants rapports publiés par la ville de Zurich à l’occasion de l’épi- 1 Annales de la Société géologique du Nord. t. xrv, 1888; reproduit in extenso dans le bulletin de la Société belge de géologie, paléontologie et hydrologie, 2." vol. 1888.—Voyez aussi dans le même recueil un article de M. Van den Broeck: A propros du rôle de la géologie dans les travaux d’intérêt public.