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(reprise de chemins de fer qui ne soit l’objet d’un rapport préliminaire des géologues connaissant le mieux la contrée *. C'est ainsi que dans la période de 1861 à 1872, on vit paraître successivement trois rapports géologiques sur les terrains parcourus par les lignes du réseau jurassien, dit Jura Bernois. On y a ex posé les circonstances relatives à la solidité plus ou moins grande des couches, les dangers de glis sements et d eboulement, ainsi que les moyens de les combattre et les projets de variante. La con struction de ce réseau a nécéssité le percement des trois grands tunnels de Pierre-Pertuis, de la Croix et de Glovelier et de quelques tunnels de plusieurs centaines de mètres. Pour chacun d’eux, un pro fil géologique indiquait d’avance l’épaisseur des assises, leur direction ou ployement, etc. Il en fut de même pour un autre tunnel fort important, celui du Boetzberg dans le Jura argovien. Tout récemment (16 décembre 1888), on a inauguré non loin du tunnel des Loges et du Mont-Sagne, une nouvelle percée à travers un massif de roches absolument calcaires, dont le tracé étudié par M. le professeur Jaccard avait été préféré à celui qu’on avait d’abord en vue et qui eut traversé dans les trois quarts de sa longueur des roches marneuses et dangereuses. L’achèvement du travail a devancé de neuf mois le terme prévu par le cahier des charges. -—Les tunnels du Jura sont des pygmées à côté de ceux des Alpes, mais il est à remarquer que les contrées traversées par ces derniers sont formées par des roches en masses incomparablement plus puissantes, de sorte que la variation des terrains n’y est pas plus compliquée que dans les tun nels du Jura. La réunion du Piémont à la Savoie au moyen d’un tunnel d’une longueur considérable a pré occupé l’esprit des populations intéressées à une époque où un pareil projet était considéré comme une utopie. En 1845, le gouvernement piémontais chargea un ingénieur et un géologue, MM. Maus et Sismonda de présenter un rapport sur ce sujet. Ce rapport fut examiné par une commission de neuf membres qui le jugea favorable. Dix années plus tard, la chambre d’Agriculture et de Commerce de la Savoie demandait à M. de Mortillet d’étudier à nouveau la même question au point de vue géologique. L’exécution des travaux confirma d’une manière remarquable les rapports de ces géologues qui paraissent avoir travaillé indépendamment l'un de l’autre. Elle confirma aussi les études faites an térieurement sur cette contrée par Elie de Beaumont. Le tunnel fut percé en ligne droite, et avait une longueur de 12 220 m , mais afin de le rac corder avec les lignes d’accès, on construisit une galerie courbe de 453 m ,70 entrant dans le tun nel à 346 m de la tête. Cette galerie courbe était percée dans des roches déformables, si bien qu’on dût l’abandonner et en construire une autre de 1 572 m ,39, qui se raccorde dans le tunnel droit à 645 m ,52 de la tête, ce qui porte la totalité du tunnel à 12 849 m ,22. —Le massif du S. Gotthard a été l’objet de nombreuses études géologiques bien avant qu’il ne soit question de la construction du tunnel, dont les principaux profils sont dûs à MM. Stoppani et Giordano, se basant en partie sur les études de M. Studer, et à M. K. von Fritsch, géologue alle mand, travaillant au relevé de la carte géologique de la Suisse 1 2 . 1 II n’y a pas en réalité de géologues officiels en Suisse, mais la géologie y est enseignée dans la plupart des écoles secondaires et supérieures. Ce sont en partie les professeurs de ces écoles, en partie des amateurs ou des géologues des pays voisins qui furent chargés du tracé de la carte géologique publiée par la Confédération Suisse. Nous verrons plus loin, au sujet du tunnel du S. Gotthard, que les études tant préliminaires que pendant la con struction furent aussi confiées à des étrangers à la Suisse, qui pourtant est un des pays les plus avancés en géologie. La science n’a pas de patrie et l’on peut dire que sous ce point de vue l’aversion (ou jalousie) de l’étranger est en rapport inverse avec le degré d’avancement des peuples. 2 F. Giordano. Essame geologico delta catena alpina del San Gotthardo (Memorie del Regio Comitato geologico, vol. ii, 1872). Karl von Fritsch. Das Gotthardgebiet (Matériaux par la carte géologique de la Suisse, xv e livraison, Berne, 1873).