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vation, et que son champ est peut être le plus vaste, celui qui embrasse le plus de sciences ac cessoires. De là impossibilité pour le géologue d’embrasser toutes les parties de sa science, de là aussi quantité de spécialistes dans les sciences ou dans les arts, qui possèdent mieux que le géologue le chapitre géologique qui se rattache à leur travail quotidien. D’un autre côté nous voyons souvent une ignorance complète des principes de la géologie, chez des personnes qui en ont fréquemment l’emploi. Nous ne demandons pas des études spéciales en géologie à tous les hommes qui ont à diriger des travaux sur le terrain; ce serait matériellement impossible; mais il est un ensemble de connais sances géologiques qu’ils devraient tous posséder. Dans bien des cas il suffirait pour leur éviter bien des mécomptes, dans d’autres cas il leur ferait comprendre la nécessité de l’intervention d’un spé cialiste. Chez l’ingénieur, cette lacune d’instruction provient précisément du parti-pris que nous ve nons de signaler; ayant de nombreuses branches à étudier, il délaisse naturellement celles qui lui pa raissent superflues. Elle provient aussi de la manière dont se fait l’enseignement de la géologie qui est en géné ral beaucoup trop théorique. Il ne serait même pas impossible de citer certaines écoles dans lesquel les l’enseignement de la géologie, de la paléontologie, de la minéralogie et de la pétrographie for mant un seul cours, le professeur se borne à exposer la cristallographie et la minéralogie, c’est à dire précisément les branches dont l’élève n’aura probablement jamais besoin dans sa vie pratique. Quelque soit du reste le mode d’enseignement, on ne doit pas oublier que ce qu’on acquiert à l’école n’est pas la science en elle même, mais seulement le moyen de l’obtenir, et qu’il faut en core un long apprentissage sur le terrain avant de savoir observer et d’être capable d’une saine in terprétation des faits *. La constatation de l’utilité pratique de la géologie fait pourtant peu à peu son chemin. Nous I II serait certainement fort instructif d’établir une statistique des géologues de chaque pays, autant par rapport à leur position sociale que par rapport à leurs études scolaires, mais une pareille statistique est liée à des difficultés pres que insurmontables. S’il s'agissait de dresser une liste sérieuse des géologues, j’y ferais figurer en premier lieu ceux qui n’ayant aucune attache officielle, vouent entièrement leur vie à l’étude de la géologie, 2 U les professeurs de géologie, 3° les géologues atta chés comme tels à des institutions de l’état ou particulières. Jusqu’ici la distinction est facile, mais il existe en outre bon nombre de personnes occupant les positions les plus diverses et qui, vouant leurs loisirs à l’étude de la géologie, acquièrent un degré de connaissances bien supérieur à celui de beaucoup de professeurs et de géologues officiels, ou du moins font faire à la géologie plus de progrès que les géolo gues précités. On les désigne cependant sous la dénomination de géologues-amateurs, en les confondant avec les véritables ma- leurs qui ne voient dans l’étude d’une science qu’une distraction agréable qu’ils quitteront facilement pour une autre. Com ment établir la distinction entre ces connaisseurs sérieux et les amateurs superficiels? Il est du reste fort loin de ma pen sée de considérer ces derniers comme n’étant d’aucune utilité à la géologie ; ils constituent un public éclairé dont la sym pathie a souvent relevé le courage du travailleur. Une statistique basée sur les listes des membres des sociétés géologiques serait fausse pour bien des pays, car il arrive parfois que ces sociétés correspondent à des coteries scientifiques, politiques ou autres qui en éloignent des person nes qui méritent d’y figurer. D’un autre côté nous trouvons des personnes dont le but en entrant dans une société est simplement de prouver leur intérêt pour la science ou encore d’être agréable à l’un ou l’autre membre. Comme exemple, j’essaierai d’établir la statistique des géologues de deux pays seulement, un grand et un petit, la France et la Suisse. Leurs sociétés géologiques sont à l’abri des coteries mais présentent pourtant quelques lacunes que j’ai comblées de mon mieux, grâce à l’obligeance de M. Gustave Dollfus, qui a bien voulu me prêter son concours pour cette classification par rapport à la France. II eut été préférable de ne pas se borner à la statistique relative à la position sociale, mais d’en établir une deu-