ce la Nature^ 93 pelant que cette pluie qui vient , je suppose.de l’ouest, a été élevée du sein de l’Océ.an , et peut-être des côtes d’A mérique ; .qu’elle vient balayer nos gran des villes, remplir les réservoirs de nos fontaines, rendre nos flçuves navigables ; et tandis que les nuées qui la versent , s’avancent vers l’orient pour porter la fécondité jusqu’aux végétaux dq la Tar tane , les graines et lesdépouillçs qu’elle emporte dans nos fleuves , vont vers l’oc cident se jeter à la mpr , et donner de. la nourriture aujc poissons de l’Océan Atlantique. Ces voyages de mon intel ligence , donnent à mon ame une exten-, sion convenable à sa nature , et me pa- roissent d’autant plus doux , que mon corps, qui de son côté aime le repos , est plus tranquille et plus à l’abri. Si je suis triste , et que je. ne veuille pas étendre mon ame si loin , je goûte en core du plaisir à me laisser aller à la mé-, lancolie que m’inspire, le. mauvais tems. Il me semble alors que la nature se con forme à ma situation , comme une ten dre amie. Elle est, d’ailleurs , toujours si intéressante , sous quelque aspect qu’elle se montre , que quand il pleut, il me. semblevoir une.belle femme qui pleure. Elle me paroit d’autant plus belle qu’elle me semble plus affligée. Pour éprouver ces sentimens , j’ose dire voluptueux , il ne faut pas avoir des projets de prome-,