86 Etudes détruit par la science même qui nous éclaire. Si je montre à un sauvage un éolipyle qui lance un jet d’esprit de vin enflammé , je le ravis en admiration ; il est prêt â adorer ma machine ; il me prend pour le dieu du feu , tant qu’il ne la connoît pas ; mais si je lui en expli que la raison , il ne m’admire plus , il me regarde comme un charlatan ( i ). Plaisirs de /’Ignorance. C’est par un effet de ces sentimens ineffables, et de ces instincts universels de la divinité ,que l’ignorance est deve nue la source intarissable de nos plaisirs. Il ne faut pas confondre l’ignorance et î’erreur , comme font tous nos moralistes. L’ignorance est Fouvrage de la nature ’ et souvent un bienfait envers l’homme ; et l’erreur est souvent le fruit de nos pré tendues sciences humaines , et est tou jours un mal. Quoi qu’en disent nos écri- (0 Voilà pourquoi nous n’admirons que ce qui est rare. S’il apparoissoit sur l’horizon de Paris, une de ces parhélies si communes au Spitz- berg, tout le peuple sortiroit dans les rues pour l’admirer. Ce n’est cependant qu’une ré flexion du disque du soleil dans lés nuages *, et personne ne s’arrête pour admirer le soleil lui- même parce que le soleil est trop connu. C’est le mystère qui fait un des charmes de la religion. Ceux qui y veulent une démonstration géométrique, ne connoissent ni les loix de la nature, ni les besoins du cœur humain.