de la Nature. 79 et en même tems , les compagnons du premier âge , les premières amours, les souvenirs des bons aïeux , ect. L’amour de la patrie semble croître à proportion qu’elle est innocente et mal heureuse. Voilà pourquoi les peuples sau vages aiment plus leur pays que les peu ples policés , et ceux qui habitent des contrées âpres et rudes, comme les ha- bitans des montagnes , que ceux qui vivent dans des contrées fertiles et dans de beaux climats. Jamais la cour de Russie n’a pu engager aucun Samoïede à quitter les bords de la mer Glaciale t pour s’établir à Pétesbourg. On amena » le siecle passé , quelques Groenlandois à la cour de Copenhague , on les y comblât de bienfaits , ils y moururent en peu de tems de chagrin. Plusieurs d’entr’eux se noyerent en voulant retourner en cha. loupe dans leurs pays. Ils virent avec le plus grand sang froid toutes les magni ficences de la cour de Danemark ; mais pas vu depuis long-tems , il témoigneroit à sa vue quelque émotion extraordinaire. Quoique les sensations physiques nous attachent forte ment à la patrie , il n’y a que les sentimens mo raux qui leur donnent une grande intensité. Le tems qui affoiblit les premières, ne fait qu’ac croître ceux-ci. C’est pourquoi la vénération pour un monument est toujours proportionnée à son antiquité ou à sa distance ; et voilà pour quoi Tacite a dit ; major i longinquo reverentia. D 4