Volltext Seite (XML)
de la Nature^ ji l'émotion délicieuse qu’elle y fait naître subitement j mais parvenue^ là , elle n est plus du ressort de notre esprit, parce que , quand nous commençons à sentir, nous cessons de raisonner ; nous ne voyons plus , nous jouissons. Comme notre éducation et nos mœurs nous dirigent vers notre intérêt person nel , il arrive delà que notre esprit ne s’occupe plus que des convenances so ciales et que notre raison n’est plus , à la fin , que l’intérêt de nos passions ; mais notre ame , livrée à elle-même , cher che sans cesse les convenances naturelles, et notre sentiment est toujours l’intérêt du genre humain. Ainsi, je le répété , l’esprit est la per ception des loix de la société , et le sen timent est la perception des loix de la nature. Ceux qui nous montrent les con venances de la société , tels que les écri vains comiques , satyriques , épigram-* matistes , et même la plupart des mora listes , sont des hommes d’esprit : tels ont été l’abbé de Choisy, La Bruyere , Saint-Evremont , etc Ceux qui nous découvrent les convenances de la nature t commes les poètes tragiques , les poëtes sensibles , les inventeurs des arts, les grands philosophes sont des hommes de génie : tels ont été Shakespéare , Cor neille , Racine , Newton , Marc-Aurele , Montesquieu, La Fontaine , Fénelon ,