DE LA Nature. p chênes d’Iulus à Troye. C’est par un effet de ce sentiment que les montagnes de la Grece et de l’Italie nous paroissent plus res pectables que celles du reste de 1 Europe, quoiqu’elles ne soient pas plus anciennes dans le monde , parce que leurs monu- mens , tout ruinés qu’ils .sont, nous rappel lent les vertus de ceux qui les ont habitées. Mais ce sujet n’est pas de cet article. En général, les diverses sensations de l’infini augmentent par les contrastes d^s objets physiques qui les font naître. Mois peintres ne sont pas assez attentifs aux choix de ceux qu’ils mettent sur les de- vans de leurs tableaux, Ils donneroient bien plus d’effets au fond de leurs scenes , s’ils lui en opposoient le frontispice , non-seulement en couleurs et en formes, comme ils font quelquefois , mais en na ture. Ainsi , par exemple , si on veut donner beaucoup d’intérêt à un paysage riant et agréable, il faut quon 1 aper çoive à travers un grand arc de triom phe , ruiné par le tems. Au contraire , une ville remplie de monumens Etrus ques , ou Egyptiens , paroît encore plus antique quand on la voit de dessous un berceau de verdure et de fleurs. Il faut imiter la nature , qui ne fait jamais venir les plantes les plus aimables, dans toute leur beauté , telles que les mousses , les violettes et les roses y qu’au pied des rustiques rochers. - C 4