i44 Etudes Mais voici une autre balance aussi mer veilleuse , et à laquelle je ne crois pas qu’on ait fait attention. Comme il y a beaucoup d’hommes qui périssent par les guerres , les voyages maritimes et les travaux pénibles et dangereux , il s’en- suivroit, à la longue , que le nombre des femmes devrait aller tous les jours en augmentant. En supposant qu’il ne pérît chaque année que la dixième partie des hommes plus que de femmes , la balance des sexes devroit devenir de plus en plus inégale. La ruine sociale devrait augmenter par la régularité même de l’ordre naturel. Cependant la chose n’ar rive pas : les deux sexes sont toujours à peu-près aussi nombreux : leurs occupa tions sont différentes ; mais leurs destins sont les mêmes. Les femmes , qui pous sent souvent les hommes à des entre prises hasardeuses pour entretenir leur luxe , ou qui fomentent parmi eux des haines , et même des guerres , pour satis faire leur vanité , sont emportées , dans la sécurité de leurs plaisirs , par des ma ladies auxquelles les hommes ne sont pas sujets \ mais qui résultent souvent des peines morales, physiques et poli tiques que ceux-ci ont éprouvées à leur occasion. Ainsi , l’équilibre de la nais sance entre les sexes, est rétabli par l’équilibre de la mort. La nature a multiplié ces contrastes _ harmoniques