de la Nature. 131 Les plus grands effets de famour nais sent , comme nous l’avons dit, des senti- mens contraires, qui viennent à se con fondre , comme ceux de la haine nais sent souvent des sentimens semblables qui viennent à se choquer. Voilà pour quoi il n’y a point de sentiment plus agréable que de rencontrer un ami dans un homme que nous estimions notre en nemi ; ni de peine plus sensible que de reconnoître pour ennemi celui que nous croyons être notre ami. Ce sont ces effets- harmoniques, qui rendent souvent un service passager plus recommandable que des longs bons offices, et l’offense d’un moment plus odieuse que l’inimitié de toute une vie , parce que , dans le pre mier cas , des sentimens très - opposés- viennent à se réunir , et dans le second 'des sentimens très-unis viennent à se- heurter. Delà vient encore qu’un seul défaut , au milieu des bonnes qualités d’un homme de bien , nous paroît sou vent plus déplaisant que tous les vices d’un libertin, où il apparoît une vertu , parce que , par l’effet des contrastes , ces deux qualités sortent davantage, et do minent sur les autres dans les deux ca ractères. C’est aussi par la foiblesse de notre esprit, qui, s’attachant toujours à un point unique dans toutes ses consi dérations , s’arrête à la qualité la plus- saillante , pour déterminer son jugement..