deia Nature. 119 Cherchent dans les lieux les plus reculés quelque autel champêtre où ils puissent jurer de s'aimer éternellement. Les fon taines , les bois, le lever de l’aurore , les constellations de la nuit, reçoivent tour à tour leurs sermens. Souvent égarés dans, une ivresse religieuse, ils Se prennent l’un et l’autre pour une divinité. Toute maîtresse lut adorée , tout amant fut ido lâtre. L’herbe qu’il foulent aux pieds , l’air qu’ils respirent , les ombrages où ils se reposent leurs paroissent consacrés par leur atmosphère. Ils ne voient dans l’univers d’autre bonheur que de vivre et de mourir ensemble , ou plutôt ils ne voient plus la mort. L’amour les trans porte dans des siècles inlinis, et la mort ne leur paroît que le moyen d’une éter nelle réunion. Mais si quelque obstacle vient à les séparer , ni les espérances de la fortune, ni les amitiés des douces compagnes , ne peuvent les consoler. Ils ont touché au ciel, ils languissent sur la terre ; ils vont , dans leur désespoir , se retirer dans des cloîtres , et redemander à Dieu toute leur vie le bonheur qu’ils n’ont entrevu qu’un instant. Long-tems même après leur séparation, quand la îroide vieillesse a glacé leurs sens, quand ils ont été distraits par mille et mille soucis étrangers qui leur ont fait oublier tant de fois qu’ils étoient des hommes, leur cœur palpite encore à la vue du torup