de la Nature. _ 99 pets -de pierres noircies. Il y avoit des moitiés de palais encore debout, fendus depuis le toît jusqu’aux caves, ün y dis— tinguoit des bouts d’escaliers , des pla fonds peints , de petits cabinets tapissés de papiers de la Chine , des fragmens de glaces de miroir, des cheminées de mar bre , des dorures enfumées. Il n’étoit resté à d’autres , que les massifs des cheminées qui s’élevoient au milieu des décombres , comme de longues pyramides noires et blanches. Plus du tiers de la ville étoit réduit dans ce déplorable état. On y voyoit aller et venir tristement les habi- tans , qui étoient auparavant si gais, qu’on les appeloit les François de l’Alle magne. Ces ruines, qui présentoient une multitude d’accidens très-singuliers par leurs formes , leurs couleurs et leurs groupes , jetoient dans une noire mélan colie ; car on ne voyoit là que des traces de la colere d’un roi , qui n’étoit pas tombée sur les gros remparts d’une ville de guerre , mais sur les demeures agréa bles d’un peuple industrieux. J’ai vu môme plus d’un Prussien en être touché. Je ne sentis point du tout, quoique étran ger , ce retour de sécurité qui s’élève en nous à la vue d’un danger dont on est k couvert ; mais au contraire une voix affli geante se fit entendre dans mon coeur, qui me disoit, si c’était là ta patrie ! Il n’en est pas ainsi des ruines occa- E a