de taille expédiées au loin, tâcherait de se représenter la nature de l’édifice qui en sera construit, et notre position comme habitants de la terre-ferme est d’autant plus dé savantageuse sous ce point de vue , que l’eau forme environ les trois quarts de la surface du globe. Cependant c’est au fond des mers que se fait le travail le plus im portant de la nature physique et il nous faut tâcher d’y descendre : Sous forme de gravier, de sable et surtout de limon , les rivières et les fleuves charrient le produit de la dé gradation des continents et le répandent en couches sensiblement horizontales au fond des bassins tant d’eau douce que d’eau salée. La quantité de ces dépôts, trop malheureusement cachés à nos regards, peut s’évaluer approximativement par des observations convenables sur les cours d’eau. C’est ainsi qu’on a trouvé que le Gange charriait à la mer annuellement 6,368 millions pieds cubes de matière solide, équivalant à 60 fois la masse de la grande pyramide d’Egypte. Ces matériaux répandus sur des surfaces très étendues, ne forment naturellement que des couches fort minces ; ainsi, supposant le char riage du Gange se répandant d’une manière uniforme au fond du golfe de Bengale sur une étendue comme celle de la France, il faudrait mille ans pour former une cou che d’un pied d’épaisseur ; mais aussi cela ferait en dix mille siècles, soit un million d’années, un massif de couches de mille pieds d’épaisseur. Outre le limon, les courants emportent des débris végétaux et animaux de tout genre, tant aquatiques que terrestres, et des restes de l’homme avec les divers pro duits de son industrie. Tout cela finit par aller au fond où c’est au fur et à mesure enterré dans les couches en voie de formation.