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MAISONS A CL U N Y. 79 les éléments qui ont servi de base à notre jugement. De plus, les contrats d’ac quisition, les archives municipales, lambeaux tout mutilés de celles de l'an tique abbaye, l’ont pleinement confirmé. Ce sentiment est encore partagé par les archéologues les plus distingués de ce pays. Les renseignements que nous devons à leurs bonnes grâces doivent trouver place à côté de nos apprécia tions. Que le savant docteur Ochier reçoive en particulier nos remerciements pour les documents précieux qu'il s’est plu à mettre sous nos yeux. Les parties principales de ces constructions, telles que tablettes, montants, arcs surbaissés, ogivaux ou cintrés, colonnettes, encadrements et linteaux, étaient en pierre de taille d’un grain fin et d’un ton que le temps n’a point affaibli : tout le reste était en pierre de plus pelit appareil que recouvrait sou vent un enduit de chaux et de sable d’une extrême solidité. Il n’est rien qui satisfasse autant l’esprit que cet état presque entièrement intact de bâtiments privés qui ont traversé six siècles et plus pour arriver jusqu’à nous. Leur inté grité ne doit pas moins faire'notre admiration que l’heureuse conception de leurs plans et de leurs élévations agréables autant que solides; il ne leur man que aujourd’hui, pour nous peut-être, que ce degré de commodité auquel les exigences de nos habitudes nous ont trop accoutumés; mais dès là qu’ils répon daient aux besoins de leurs premiers maîtres, nous n’avons pas à leur demander d’autres conditions que celles qu’ils ont si convenablement remplies. C’est en les modifiant suivant nos vues présentes et nos usages, que nous parviendrons pour ainsi dire à nous les assimiler et à rendre, par des développements suc cessifs, leurs dispositions conformes aux nécessités de notre industrielle civili sation. Quel excellent parti ne pourrait-on pas tirer, pour nos modernes maga sins surtout, de ces claires-voies qui se prêteraient si merveilleusement à éclairer les longues galeries où s’entassent chaque - jour les produits enfantés par l’ardeur toujours croissante du luxe et du gain. Comme nos petits étages, dans les grandes villes / s’accommoderaient de ces ouvertures rapprochées et si peu élevées; et comme aussi, d’un autre côté, leur superposition , aidant à multi plier l’espace, exprimerait avec avantage et convenance ces grands comparti ments de marchandises disposées par rayons, que la commodité et le désir de frapper les yeux de la foule des clients empêche de séparer par des planches; et pourtant, nous n’avons point vu jusqu’à présent qu’on ait nulle part mis à profit les gracieuses et tout à la fois ingénieuses combinaisons d’un art qui semblerait avoir été plutôt créé pour nous que pour nos ancêtres, tant il y entre de sage économie de l’espace, de science des longues durées, et d’intelligence des dépenses de toute nature. Chose qui surprendra peut-être : ce moyen âge, si actif, si fécond et si facile à se laisser entraîner aux séductions de ses artistes, subissait déjà lui-même les exigences parcimonieuses des intérêts de la petite propriété. On le voyait éviter