78 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. sants vanteaux de bois; qu’une troisième fenêtre, entièrement pareille à ces dernières, percée à peu près dans l’axe de l’escalier de gauche, à la partie supérieure du premier étage, était pratiquée sans inconvénient en cet endroit élevé pour mieux diriger de ce côté les pas de ceux qui montaient, nous aurons, avec ce qui précède, le tableau exact de la face antérieure de ce bâti ment, l’un des plus complets et des mieux conservés qui soient à Cluny. Nous aurons de plus quelque idée des précautions prises contre ces émeutes locales que la faim, et non la haine mal conseillée du peuple, suscitait à l’occasion. On sait que la boulangerie jouait un rôle très-important dans la police admi nistrative de cette civilisation passée. C’est là ce qui nous explique la physio nomie mâle et sévère de cette construction, le soin avec lequel tout ornement a été banni de sa surface, ses abords abrupts et presque sauvages, de môme que sa singulière et expressive dénomination indique si bien son but d’utilité commune et son usage populaire. Quelques signes assez vagues, quelques traits peu marqués aux chapiteaux de ses colonnettes ainsi qu’à leurs bases, nous la font rapporter, si ce n’est au commencement du xm e siècle, au moins à la fin du siècle précédent. C’est pourquoi elle nous peut servir de moyen de passer à la description d’un autre bâtiment plus avancé, sans crainte de rompre trop l’enchaînement que nous devons observer pour tâcher de rendre plus intelli gible une matière déjà trop aride en elle-même. Deux maisons flanquent des deux côtés celle que nous avons présentée la première comme un modèle parfait de notre style roman. L’une et l’autre n’ont plus que deux étages. A droite , ne serait-ce qu’à l’aide d’un trilobé aveugle terminant une petite fenêtre placée latéralement en bas, presque à hauteur d’appui, on reconnaît de suite l’empreinte du xin" siècle, et à gauche le cachet du xiv e . Les titres de possession avec la tradition vulgaire font foi de ce que nous avançons à cet égard. C’étaient encore là des habitations particulières. Elles étaient sans aucun doute occupées par des marchands, si l’on en juge par leurs dimensions presque toujours égales, leur position, leur place et leur arrangement général. Nous retrouvons en bas de grandes ouvertures servant d’entrées principales : celles-ci sont en arc surbaissé et formées de claveaux en avant. Dans leur ébrasement devaient évidemment s’exposer les marchandises près des fermetures en bois que nous avons rétablies. Mais, comment reconnaître les dates approximatives que nous leur assignons? comment déterminer avec quelque précision l’origine de chacune d’elles? Les traits qui les différencient sont-ils si distincts qu’un œil exercé les puisse saisir au premier aperçu? Nous n’hésiterons point à dire que les difficultés à ce sujet disparaissent bien vite devant un regard attentif. La délicatesse des chapiteaux de ce que nous sommes convenus d’appeler leurs claires-voies, des moulures diversement accentuées suivant les temps, des profils bien tranches, tels sont