Volltext Seite (XML)
MAISONS A CLUNY. 7i une preuve du défaut d’ordonnance préconçue dans les développements succes sifs de Cluny. La plus grande et la plus importante part de ce qui nous a été conservé de cette petite cité, si oubliée de nos jours, a manifestement été élevée aux meil leurs temps de l’architecture romane. Ce n’est pas qu’on ne rencontre çàet là des vestiges assez beaux du xm e et du xiv e siècles, et même aussi des deux siècles sui vants. Mais ces exceptions rares après tout ne servent qu’à mieux faire ressortir le grand et beau style que nous signalions à l’instant et la frappante unité de ses caractères architectoniques. La grande église de l’abbaye surtout, qui occupe une si large place dans notre plan général, devait comprendre à elle seule toute la perfection de l’art que les Carlovingiens nous avaient légué. Fondée par saint Llugues, en 1089, cette abbatiale qui ne le cédait en honneur qu’à celle du Mont-Cassin, fut dédiée ou consacrée en 1131. Le haut degré de perfection qui s’y reflétait se retrouvait sans doute encore dans le cloître et le monastère, et dans les autres dépendances qui formaient ce vaste établissement. Mais à peine reste-t-il trace à présent de tant de travaux. Si le transept méridional et le clo cher qui lui attient n’étaient là pour témoigner de leur valeur artistique, cés gigantesques monuments nous laisseraient à peine le souvenir de leurs dimen sions, tant ils ont été effacés de la surface du sol : car telle est la fatalité qui s’est attachée jusqu’à ce jour aux œuvres que nous étudions de préférence, que si le dessin n’en a donné une représentation fidèle, la plume, quelque habile qu’elle soit, ne peut qu’être impuissante à en reproduire une image satisfaisante pour l’esprit. Le temps et la barbarie, grâce au ciel, ne nous ont pas tout enlevé : cinq et six siècles ont laissé là, en dehors de la clôture, de la circonscription béné dictine et du domaine de ses religieux habitants, des constructions civiles du plus grand prix pour nous. Nous ne dirons qu’un mot des fragments de fortifica tions qui remontent au règne de saint Louis, et qui formaient alors une enceinte protectrice pour toute la ville. Il est resté debout quelques pans des plus anciennes murailles avec des tours à créneaux et à mâchicoulis du plus pittoresque effet. Les monastères, ces séjours de la méditation, de l’étude et de la paix, étaient souvent eux-mêmes des lieux très-fortifiés, bien qu’ils ne dussent prendre aucune parta cette guerre universelle et permanente, qui était le fait domina teur de celte époque. Mais les abbés de Cluny, en assurant ainsi leur repos, avaient voulu couvrir en même temps leurs vassaux et leurs voisins contre les attaques incessantes des ennemis du dehors; ce qui fit que les murs de défense s’étendirent bien au delà de leur résidence sous le sage gouvernement de Tliéo- bald ou Thibaud de Vermandois, l’un des plus hauts et puissants personnages qui aient porté le sceptre abbatial. Grâce à lui, les habitants de Cluny furent mis à l’abri des guerres civiles, des meurtres, des incendies, des vols d église , par