MAISONS A CLUNY l DOUZIÈME, TREIZIÈME ET QUATORZIÈME SIÈCLES. A ce nom de Cluny, quels souvenirs et quels regrets se réveillent à la fois dans l’àme de ceux qui se sentent touchés d’intérêt pour notre art national ! Mais en même temps que d’espérances avec les nôtres se peuvent rattacher dès à présent aux ruines de la cité romane dont nous allons aujourd’hui retracer les traits les plus saillants entre tous ceux qui la distinguent! Si nous nous reportons d’abord à ses premières années, que nous oserions presque appeler ses temps héroï ques, nous apprenons que quelques pauvres moines, disciples de saint Benoît et sévères observateurs de sa règle, en jetèrent les fondements. Ces exilés volon taires du monde étaient loin de prévoir les destinées qui attendaient leur sainte entreprise. Assurément ils ne travaillaient point pour ces fils de princes et de rois qui devaient tant changer, par le lustre de leur naissance et le faste de leurs richesses, le régime de cette sainte et savante retraite. Les pieux solitaires eurent à peine bâti leurs premières cellules qu’ils se virent entourés d’hôtes nouveaux dont ils durent accueillir la présence comme une sécurité de plus pour eux dans leur isolement. La sainteté, le travail et la prière étaient autant d’attraits qui exerçaient alors leur irrésistible influence jusque sur les hommes même les plus étrangers à la vie cénobitique; et l’on voyait souvent ainsi la force matérielle se rapprocher de la force spirituelle afin de s’unir dans un but de défense commune et se prêter un mutuel appui pour le soutien d’intérêts bien divers. Si une belle page de littérature archéologique vient s'offrir à nous sur l’un des sujets que nous entreprenons de traiter, si de plus cette page nous offre une syn thèse exacte et succincte, comme un raccourci de ce que nous nous proposons de dessiner et de décrire, nous ne pouvons, nous ne devons point résister au désir de la retracer en entier. Tel est le remarquable début de l’histoire de l’abbaye de Cluny, par M. Lorain, écrivain connu par son goût pour nos antiquités et son zèle à en propager les souvenirs. Certês il a fallu à l’auteur une inspiration bien vive et bien sentie pour atteindre le succès qu’il a obtenu dans l’excellente entrée en matière que nous voulons citer ici de lui.