6i ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. étrange amas de toiles peintes, de planches mobiles , de poutres, de chevrons et de voliges à nu, produit une des plus pénibles impressions qui se puissent ressentir :par bonheur le gouvernement pontifical a pris des mesures pour faire disparaître ce déplorable état de choses. Une salle de spectacle est presque achevée en ce moment dans un autre quartier, et contribuera bientôt à délivrer le palais public d’une destination en désaccord avec son glorieux passé. Espérons aussi qu’il ne sera pas apporté une seule pierre pour la consolidation ou la restauration de ce précieux édifice, sans ce soin intelligent que nous avons vu présider partout en général aux travaux d’entretien et de réparation qui s’exécutent sous les auspices de l’au torité. Là, grâces en soient rendues au ciel, tous jusqu’à l’homme du peuple, ont ce goût et ce tact heureux qui non-seulement peuvent prévenir d’irrépa rables destructions, mais peuvent encore bien mieux conduire à des conserva tions dont le prix est par eux comme instinctivement senti. A la vue de ce grand bâtiment délabré, avec son beffroi démantelé lui-même à son sommet, l’on se sent pris de bien vifs sentiments de regrets pour ses richesses passées et ses beautés perdues. Avec les éléments qui restent épars sur sa surface, nous n’avons pas hésité à tenter une restauration de son plan, de son élévation principale et de ses détails : Nous espérons que ce travail satisfera aux plus rigoureuses exigences de l’art et de l’archéologie. Qu’y aurait- il, nous le demandons, de plus applicable en ce moment que cette construction remarquable par tant de bons côtés. Il n’est pas de gros bourgs en France qui ne veuillent avoir dans un prochain avenir leur hôtel de ville, tant ils mettent d’ardeur à rivaliser avec de plus considérables centres de population. Pour nos mairies, ou maisons communes des petites villes, n’avons-nous pas rencontré à Orviéto un type parfait du genre. Soit pour l’importance et l’étendue, soit pour l’ornementation si gracieusement ménagée, il résulte de l’aspect général de l’ensemble, une de ces heureuses impressions de convenance et d’harmonie, qui font qu’on ne saurait résister au désir de proposer à suivre les rares et bons exemples du genre de celui que nous avons recueilli. Combien cette petite ville d’Orviéto renferme d’autres objets non moins dignes d’étude et d’admiration. Il nous revient à la mémoire d’avoir vu au ■palais bien plus récent des Monasdelchi, des volets intérieurs de fenêtres dont les panneaux étaient sculptés d’ornements les plus exquis de l’époque de la Renaissance. Les rinceaux formés de feuilles , de fleurs et de fruits, les figurines fantastiques, et les arabesques variées qui couvrent ces vanteaux de bois, sont autant de traits saisissants de l’inspiration artistique qui les a conçues et réalisées. Le temps nous ayant fait défaut, nous n’avons pu que constater à la hâte la perfection de ce travail délaissé aujourd’hui en des mains ignorantes qui savent pourtant encore le respecter comme une relique.