62 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. cloche cachée à cette hauteur peu considérable, sous des auvents de tuiles, a été fondue en l’année 1316; on ne la peut atteindre qu’avec difficulté par les greniers: elle rappelle beaucoup par sa forme assez originale celle qui a été montée vers le même temps dans l’armature en fer du beffroi du palais public, à Sienne. Peut-être ont-elles été coulées l’une et l’autre par le même fondeur, ces deux cités ayant pu appartenir alors au même maître ; leur état intact nous fait espérer qu’elles seront conservées longtemps encore. Ce sont pour la fonderie en bronze des types précieux à signaler. Tout ce que nous venons de faire passer sous les yeux du lecteur n’existe plus que par lambeaux et en ruines éparses çà et là. Un crochet, une moulure, un redent, un filet, un angle de chapiteau nous ont conduit à la reconstruction intégrale du projet primitif. Ce travail a été l’un de ceux qui nous ont demandé le plus de soins et d’application. La peine qu’il nous a donnée sera pour nous sans regret, si nous parvenons à faire comprendre la valeur de ces sujets d’étude qu’une mutilation de plus rendrait à jamais impossible à reproduire. Mais qu’est donc devenu à travers une série non interrompue de modifications plus ou moins profondes un édifice si remarquable à tant de titres ? Par quelles transitions arrivera-t-il jusqu’à nous sans être anéanti? Des gouverneurs militaires en auront sans doute fait au commencement leur séjour ou un lieu de retranche ment contre les attaques des ennemis du dehors. Plus tard, Les offices civils, dans les temps de paix, y auront trouvé leur place, comme le prouve la dénomi nation qui lui reste attachée. Et enfin, de nos jours, dans ce vaste local, une œuvre de charité par excellence, un établissement de bienfaisance publique a succédé à ses premières destinations. Un mont de piété occupe maintenant toute l’étendue du rez de chaussée qui faisait loge, halle ou marché. Au-dessus de la porte du bureau qui reçoit dans les urgentes nécessités la portion encore dispo nible de la dépouille du pauvre, on lit le distique suivant : Sumpserat hinc lætus cerealia -munera pauper Gaudia nunc inopi sumpta moneta dabit. Ces deux vers sans aucune ponctuation suivant les exigences du style lapi daire, disent avec assez d’élégance latine l’usage profondément chrétien de ce lieu. Une autre inscription se voit dans un cadre ou cartouche très-récent qui se trouve appliqué contre un des piliers des arcades inférieures : elle est ainsi conçue : A. M. D. G. Ut pauperum inopiam Sublevaret Et Judæorum usurariam pravitatem Deprimeret Montem hune pietatis