PALAIS DES PODESTATS A ORVIETO. 61 Là ils ont fait le degré à ciel ouvert, scala aperta, belle et générique expression de cette langue si heureusement dérivée. L’étage supérieur, quoique d’un seul jet d’élévation, se subdivise néanmoins en deux parties distinctes ; mais les plafonds qui les séparent ne sont en aucune manière accusés à l’extérieur. La principale et la plus belle de ces deux parties se compose d’une suite de six baies romanes. Quatre colonnettes partagent ces ouvertures en trois compartiments égaux : elles sont accouplées deux à deux en profondeur et servent de retombées à des arcs légèrement ogivaux qu’encadre une forte corde en boudin prolongée tout le long de leurs montants. Deux roses à six feuilles et à jour, trois plus petites et simplement évidées dans la pierre, ornent la portion pleine du cintre commun : puis un très-large damier, caractère d’architecture particulier à cette localité par son développement même, fait un ruban plat de pourtour, qui, avec l’arc et les impostes à feuilles grasses et palmées, constitue une décoration dont le goût simple, noble et mâle tout ensemble, frappe vivement le spectateur. Six fenêtres en arc un peu surbaissé, percées au-dessus des précédentes ouvertures, moindres qu’elles en tous sens, éclairaient une sorte d’attique pratiquée au-dessus des grandes salles d’apparat. Vient ensuite une corniche assez saillante sur laquelle reposent des créneaux travaillés avec soin. Cette vigoureuse balustrade, qui parait avoir été destinée à la défense arméej régnait sur la crête des deux faces et passait autour du beffroi ; elle s’arrêtait, à l’opposé, au pignon peu élevé dont les rempanls tracent la pente des versants de la toiture recouverte en tuiles romaines. Cette maison commune, pour nous servir de l’expression la mieux appropriée à nos usages et la plus conforme à l’importance réelle de l’objet, s’appuyait à l’autre extrémité contre un fort épais massif de maçonnerie. Le mur de ce côté recevait encore à sa partie moyenne le renfort d’une large saillie qui se voit non en dehors mais en dedans d’une salle basse, et qui a toujours existé dans toute la hauteur. Un semblable renflement avait évidemment pour but d’ajouter à l’espace consacré à renfermer ou abriter les cloches : car celles-ci ne se trou vaient point placées dans une tour à proprement parler; elles étaient simplement suspendues, suivant la coutume assez générale de ces contrées, dans une arcade ouverte suivant le sens de l’épaisseur de ces murs surélevés de façon à remplacer les tours, les campaniles et les clochers. Le mode primitif de ce genre de con struction dominant ce qui l’entoure pour répondre mieux à sa destination, n’a point au palais public d’Orviéto l’aspect mesquin et peu gracieux qu’il • offre dans les églises de tant de villages et celles même de villes impor tantes. Loin de là; l’artiste, à force de soins et par les plus ingénieuses res sources, est parvenu à dissimuler ce défaut même à l’œil le mieux exercé : il ne faut véritablement rien moins qu’une attention prolongée pour le découvrir, tant il y a d’harmonie en ce qui relie ce point culminant au reste de l’édifice. La