60 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE tout air à l’origine. Il nous a semblé que cette espèce de halle pouvait être un marché ou lieu de réunion commune, comme il en existait tant autrefois en Italie sous le nom de loggia : c’est du moins ce que paraîtrait indiquer une immense arcade primitivement libre, obstruée maintenant et qui occupait tout un côté du passage des voitures, près de la tour : en cet endroit une voûte était jetée sur le chemin comme une arche de pont pour rendre plus faciles les communications des différents quartiers entre eux. Au-dessus des cinq grands arcs du rez de chaussée règne un système de double arcature comme en voussure et en encorbellement : les différentes sec tions en sont reliées les unes aux autres par deux lignes superposées en avan cement de petits corbeaux ou modillons; puis un peu plus haut une portion d’ellipse laissant quelque vide au-dessous d’elle pour allégement, vient aussi contribuer à supporter une galerie extérieure ou long balcon qui a peut-être été dans un autre temps abrité par un auvent ou quelque appendice accessoire. Aux extrémités est un mur plein à fortes assises ; à droite et à gauche un autre mur semblable se déploie sur une bien moins grande longueur ; dans l’épais seur de ce dernier est simulée une porte d’évidement un peu surbaissée, et au- dessus d’elle, non plus deux mais trois arceaux se surplombent successivement pour porter une tribune, faisant suite à une terrasse, d’où les magistrats pou vaient au besoin haranguer la foule. Un fait notable doit ici trouver sa place : l’escalier qui conduisait au premier étage était élevé en dehors même de la tribune et de la terrasse qui lui sert de palier. Cette disposition était peut-être unique dans cette ville dont l’espace était si étroitement limité par la plate-forme sur laquelle elle s’élève. En effet tous les autres degrés sont compris à l’intérieur même des constructions ; ce qui est préci sément, comme nous le verrons ailleurs, le contraire de l’arrangement adopté à Viterbe dont la population se pouvait étendre avec plus de liberté, en reculant ou dépassant son enceinte fortifiée de main d’homme. Le palais des podestats, à Orvieto, se faisait donc remarquer par cette exception qui ajoutait encore à son aspect monumental. A Padoue où le terrain d’extension et de facile dévelop pement ne pouvait guère faire défaut, c’est quatre grands escaliers recouverts de galeries à jour, qui font accéder en dehors à l’immense basilique, ainsi que l’appellent les habitants de ce pays, prétoire de la justice et siège à la fois de toutes les magistratures et de toutes les administrations de cette république. La magnifique charpente formant la voûte de ce gigantesque vaisseau montre assez les tendances de tous ces peuples à produire de grandioses effets dès qu’il s’agissait surtout d’un monument d’utilité générale. Les Orviétains, qui n’ont pu ni voulu pour chacun d’eux se développer au large dans leur étroite circon scription, n’ont point consenti à subir cette nécessité de se restreindre ainsi, quand ils ont élevé le palais qu’ils destinaient à leurs gouverneurs ou podestats.