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PALAIS DES PODESTATS A ORVIETO. 59 Orvieto, cité charmante de cinq à six mille âmes environ, va nous présenter le modèle d’une maison commune, Palazzo publtco, ou Hôtel de Ville, tel qu’on le comprenait alors à cette période de l’art en ce pays. Située au sommet en cône tronqué d’un large rocher dont les pics et les parois lui servent de forti fications naturelles, et formaient pour ses habitants au moyen âge une enceinte inexpugnable, elle est posée là comme un nid d’aigle ou comme une couronne crénelée au front d’une symbolique et puissante personnification. Rien n’égale la beauté de ses aspects : du haut de ses murailles élevées par la main de Dieu môme, ses horizons ne se déploient pas moins variés qu’étendus et magnifiques. Des vallées, des ravins, des torrents, des villages, des hameaux, des monastères, des champs fertiles et d’antiques forêts, tel est le tableau qui se déroule aux regards le long de ses parapets et à travers ses portes gothiques. C’est surtout du beffroi qui domine notre palais du podestat, que se présente cette superbe et pittoresque vue : de là l’œil plane sur tout ce qui l’entoure, et semble embrasser toute l’étendue d’un petit royaume, tant l’infinie multiplicité des objets se prête à cette illusion. Mais avant tout, disons quel est cet édifice, l’un des plus intéressants en ce genre de l’époque qui nous occupe et nous attache davantage à ses œuvres. Construit sur la Place du Peuple, non loin du centre de l’activité publique, il consiste principalement en un vaste corps de bâtiment dont les murs sont très- élevés. Le plan que nous en traçons, et que nous croyons avoir intégralement reconstitué dans son ensemble, au premier coup d’œil ne paraît point présenter un grand développement. Simple et facile à saisir, il consiste, comme on le voit, à fleur de sol, en une série de cinq arcades consolidées en leur largeur par des refends en contre-forts s’appuyant au dedans et au dehors contre les murs de face. L’on aperçoit de suite combien à sa base une semblable construction devait offrir de solidité disposition par laquelle ce monument a bien mieux lutté contre les efforts destructeurs du temps qu’il n’a résisté aux attaques inces santes dont il a eu tant à souffrir depuis plusieurs siècles. La façade principale est dans son ensemble d’un effet simple et grandiose : le style en est roman et d’une beauté sévère. Cinq grands arcs en plein cintre, tous inégaux entre eux, servaient d’entrée de ce côté à une salle basse ouverte à