PALAIS BUONSIGNORI. 55 poser des solives apparentes dans tonte leur étendue; des feuilles d’acanthe enroulées autour des consoles rappellent tout à fait le chapiteau corinthien. On ne peut guère supposer que ce soient là les planchers primitifs; il est beau coup plus probable qu’ils sont contemporains des constructions de la cour inté rieure, fort différentes de celles de la façade. En effet, au lieu des formes pures et élégantes du xm e siècle, nous ne trouvons plus dans le vestibule ou péristyle que des chapiteaux grossiers, que des voûtes écrasées à pénétrations irrégulières. Il est probable que tout l’intérieur du palais a été remanié à la renaissance, et (pie l’on n’a respecté absolument que la façade. Néanmoins on a conservé la dispo sition ancienne d’un grand vestibule renfermant un large escalier droit, et d’une cour entourée de portiques; ici le degré est moderne; mais dans plusieurs palais italiens, à Lacques et ailleurs, nous avons trouvé des escaliers droits du xm e siècle parfaitement conservés, et presque partout aussi il existe des cours intérieures et étroites, entourées de colonades. Cet arrangement était nécessaire pour faciliter l’accès des pièces de service du rez-de chaussée et pour éclairer les étages supérieurs. Ce palais que nous venons de décrire est assurément un des plus beaux de Sienne; c’est celui où, à notre avis, on a déployé le plus de goût; mais il existe dans la ville une grande quantité de maisons du xin” et du xiv e siècle qui presque toutes offrent quelque chose d’intéressant. Le système de construction est toujours le même; la brique, la terre cuite et le marbre blanc y sont com binés de la même manière. Les dispositions intérieures seules sont différentes : ainsi les maisons ordinaires ont généralement deux ou trois ouvertures sur la rue; celle du milieu donne dans un vestibule au fond duquel se trouve l’escalier; à droite et à gauche sont les magasins; le plus souvent il y a trois ou quatre étages, et quelquefois une loge formée de trois colonnes supporte le toit sail lant qui termine presque toutes les constructions italiennes. Nous insistons d’une manière toute particulière sur l’architecture de Sienne, parce qu’elle nous paraît applicable dans les différents pays de l’Europe où la pierre est d’un prix élevé : dans le nord et le midi de la France, dans les Pays- Bas, en Angleterre, on pourrait tirer un grand parti de ce système de construc tion. Au lieu de cacher les briques sous des enduits ornés de refends simulant des assises, il faudrait arriver à fabriquer de bonnes briques, et ne pas craindre de les montrer à l’extérieur. Seule, nous l’avouons, la brique est pn peu triste, et le préjugé qui existe contre elle ferait difficilement accepter des constructions sans aucun ornement; mais en la combinant avec la terre cuite et la pierre, on arriverait à faire des constructions plus économiques et beaucoup plus saines que toutes celles qu’on élève de préférence en pierre de taille. Nous espérons que l’ensemble et les détails de cette livraison prouveront à ceux qui partagent nos vues, l’avantage d’imiter maintenant encore le système de construction qui