ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. 52 l’imposle. Un arc très-surbaissé, placé un peu en retraite, vient aussi retomber sur ce profil, et l’espace compris de la sorte entre les deux arcs est rempli par des assises de briques. Dans cette disposition ingénieuse, l’arcade ogivale sert à la fois de décoration et de décharge à l’arc surbaissé qui détermine l’espace ouvert ou libre de la porte. Pour les deux autres grandes baies de soubassement, elles ont chacune seulement deux mètres et un tiers d’ouverture, et leur arrangement est absolu ment semblable à celui que nous venons de décrire. Ce'le de gauche seulement n’est obstruée que dans sa partie inférieure, la supérieure restant ouverte et garnie d’une grille en fer forgé; tandis que celle de droite a été entièrement obstruée dès l’origine parce qu’elle se trouvait en face du principal escalier. La baie centrale a un peu plus de largeur que les deux autres ; elle sert de grande porte d’entrée, et elle ne diffère en rien des précédentes. De petites fenêtres ogivales au nombre de quatre, sont régulièrement placées entre les trois grandes arcades. Deux écussons en marbre blanc sont encastrés au-de§sus des deux petites ogives des extrémités . ils sont de forme quadrangulaire. L’un et l’autre se composent d’un cadre orné de délicates sculptures, entourant un griffon coiffé d’un casque; la patte de l’animal est posée sur un écu portant une croix en relief. L’animal héraldique n’est pas le même des deux côtés; adroite, c’est un lion; à gauche, c’est un aigle aux ailes déployées. Telles sont les armoiries de la noble famille qui possède ce palais depuis deux siècles et l’habile encore aujourd’hui. Une rangée d’anneaux en fer très-simples est fixée dans une assise de pierre , à un peu moins de deux mètres du sol. Ces anneaux, que nous avons rencon trés dans presque toutes les constructions civiles de l’Italie, servaient, suivant toute apparence, à suspendre des étendards, des bannières ou de riches étoffes aux jours de fête. Dans certains cas ils ont pu être employés à maintenir des chaînes, quand les agitations de la place publique faisaient dresser ces barricades, si fréquentes dans la vie politique de ces petites républiques : ils différaient beaucoup selon leur destination. Ceux du palais Buonsignori, tous de petite dimension, ne paraissent pas avoir jamais servi à sa défense; ils étaient plutôt un ornement qui en appelait et en recevait un autre au besoin. C’est vraiment merveille de voir le luxe de travail et de matière de ces sortes de crampons atta chés aux murs de certaines habitations particulières. Les plus beaux en ce genre que nous ayons vus sont en bronze ciselé avec un art infini ; grâce à une loi pro tectrice, les murs qui les ont reçus à Sienne n’en peuvent plus être dépouillés: deux artistes de la Renaissance y ont consacré leurs soins, et la postérité recon naissante n’a eu garde d’oublier leurs noms. Ce fait seul nous prouve à quel degré d’estime l’artiste s’élevait dans l’opinion publique, même pour les œuvres accessoires qui atteignaient leur type propre de perfection.