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43 FONTAINES DE VITERBE. de toute nature, et que le pouvoir des papes a si bien su laisser naître d’elles- mêmes et se maintenir partout sans obstacle. Mais ce n’est pas seulement l’abondance qui frappe dans ces sources intaris sables que de généreux patriciens, d’habiles gouverneurs, sous le nom de gon- faloniers ou de podestats, ont fait de tous côtés jaillir de terre. Tout aussi, dans l’arrangement qu’elles ont reçu des mains de l’artiste, concourt à produire le plus grand effet pour satisfaire la vue et répondre en même temps aux exigences de la salubrité dans ces régions méridionales. Qui n’admirerait, par exemple, l'ingénieuse industrie de celui qui a conçu le plan et le dessin général de ce que nous appellerions, si nous l’osions, le feu d’artifice à fusées d’eau de la place Uegli Scalzi 1 ? Rien assurément ne peut être mieux conçu que le système de filets, de chutes et de jets adopté là pour satisfaire aux besoins de la vie, et rafraîchir en même temps l’atmosphère ambiante à la plus grande distance possible. Tel a évidemment été le problème assez complexe et difficile que l’on a voulu résoudre par l’habile agencement des diverses parties de ce monument. Un fort cylindre de plomb monte dans le fût de la colonne centrale; il se pro longe jusqu’à l’extrémité du clocheton fleurdelisé à sa pointe. Un jet à tube recourbé part de ce point terminal. Aux angles du pyramidion, haut de cinq à six pieds, quatre têtes grimaçantes vomissent l’eau dans la cuvette supérieure, d’où elle s’écoule dans la vasque inférieure par quatre mufles de lion sculptés à la rencontre des parties semi-circulaires de la dernière ou plus petite cuvette à quatre lobes unis. Des bords de la première, qui est aussi quatrilobée, quatre tubes recourbés en dehors, comme celui du sommet, projettent les eaux dans le bassin inférieur. Aux jours de fêtes publiques, tous ces tuyaux à courbure peu gra cieuse sont remplacés par d’autres tubes qui, dressés verticalement, donnent naissance à des jets s’élevant à une très-grande hauteur. Nous disons qu’une telle disposition offre des avantages [qui ont été étudiés et compris sous un rapport aujourd’hui trop négligé, surtout dans nos provinces du midi ; quel but, en effet, doit-on se proposer d’atteindre dans ces circonstances, si ce n’est de produire le plus de fraîcheur à l’aide des moyens les plus simples et les plus convenables ? Or, les jets les plus rapides et plus ou moins ascendants, suivant le besoin, n’atteignent-ils pas beaucoup mieux cette fin, que ces flaques tombantes, ces larges nappes en miroir mobile, modes trop souvent préférés par notre goût moderne? L’air n’est-il pas plus assaini par la division qu’il subit, l’agitation 1. Ce n’est point sur la place aux Herbes qu’est placée cette fontaine, comme nous l’avons dit plus haut par erreur. Le lieu où elle a été élevée a souvent changé de nom. Il s’appelait anciennement le Car- bonere ; il devint la Piazza Nuova, et plus tard la Piazza San-Barnardino. La dénomination actuelle dei Scalzi (des Déchaux) lui vient sans doute du voisinage des carmes déchaussés. Du reste, la fontaine elle-même a été successivement désignée par les termes de Fontana del Separi, ou del Sepali, ou encore de Fontana Grande et de Fontana Seuza Pari.