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42 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. de soutien. Notre dessin général reproduit avec exactitude l’état actuel du mo nument; mais des détails à une plus grande échelle placés au-dessus du plan, indiquent quelle a dù être la décoration ancienne de ces diverses parties. On dit que cette fontaine se trouvait à son origine dans la cour du palais des Gatteschi, puissante et noble famille de ce pays *. Les chats sculptés ici, suivant la tendance singulière de ces temps à ce genre de symbolisme, faisaient sans doute allusion au nom de ces riches patriciens, habitants de Viterbe. Pour notre part, nous acceptons cette tradition ainsi expliquée, parce qu’elle nous semble entièrement conforme aux habitudes nationales d’une époque qui a laissé là de tous côtés de profondes et poétiques empreintes de ses mœurs et de ses usages. La fontaine des Gatteschi est placée, non loin de la porte monumentale de Rome, sur l’un des points culminants de la ville, vers la partie la plus fré quentée et la mieux habitée de son centre : des conduits souterrains lui portent des montagnes voisines presque toutes les eaux destinées, soit à l’agrément, soit au service public des habitants : car le vaste bassin de sa base en fait comme un réservoir commun, d’où elles se répandent dans toutes les directions pour entretenir d’autres fontaines moins importantes. Il est digne de remarque que, dans les États pontificaux, les plus petites cités soient largement favorisées de ces utiles embellissements. Nous ne citerons que Toscanella, comme une preuve entre beaucoup d’autres de notre assertion. Sa population, de quatre mille âmes à peine, est mieux partagée, à cet égard des eaux, que beaucoup de nos capitales de l’Europe. Des acqueducs, des canaux en terre cuite cachés sous le sol, la mettent en communication avec le beau lac de Bolsena, distant de plus de cinq de nos lieues. Que ne nous est-il permis de dire à ce sujet com bien d’autres conditions de bien-être ont été ménagées depuis des siècles aux déshérités de la fortune dans ces communes où l’élément municipal est demeuré comme un héritage impérissable des anciennes coutumes! Nous regrettons que ce ne soit point le lieu de parler de ces institutions populaires que la France essayait naguère en vain d’imiter a dans la dispensation légale de ses secours 1. La famille des Gatteschi existe encore aujourd’hui en Toscane où elle n’a point cessé de tenir un haut rang par sa fortune et sa considération. Elle a donné récemment à la science un jeune médecin qui sera un jour, par ses travaux, une des illustrations de Florence. 2. Les soins de la médecine par exemple sont assurés pour tout le monde sans exception, à Tosca nella, au moyen de la plus simple organisation. Deux médecins ont un traitement fixe de deux cent cin quante écus romains ; un chirurgien en a deux cents seulement. Le barbier, qui n’a point encore disparu du personnel chirurgical dans ce pays, en reçoit trente par an pour pratiquer toutes les saignées pres crites. Aucun honoraire n’est exigible en aucun cas. Nous devons ces renseignements à la gracieuse urbanité des trois docteurs de Toscanella : ils nous les apportèrent d’eux-mèmes avec le plus courtois empressement, ayant été prévenus par l’un d’eux, l’honorable M. Gilly, des liens de confraternité qui nous unissaient. Puisse leur parvenir l’hommage de ma gratitude, et le tribut de mon admiration pour l’heureuse simplicité de leurs habitudes de famille,