FERME DE MESLAY. 35 fleurons encore sur ce pignon, les seuls ornements qui décorent cette partie d’ailleurs difficilement aperçue. Nous le disons hardiment, nous ne connaissons rieu en architecture rurale qui puisse produire un tel sentiment d’admiration; et pourtant cette grange était bien loin d’égaler celle qui dépendait de la maison-mère de Marmoutiers. L’abbé Him ues de Rochecorbon les fit élever l’une et l’autre entre les années 1211 et 1227. Sa sollicitude dut s’attacher davantage au bâtiment voisin de son abbaye; il parvint môme à faire de celui-ci une construction si remarquable, qu’elle fut toujours citée, depuis lors, comme le plus parfait modèle de ce genre qu’il y eut en France. Quel est aujourd’hui celui de nos grands propriétaires ou de nos opulents banquiers qui fasse de ses richesses et de ses trésors un usage dont les résultats soient aussi durables et aussi utiles? Hélas! l’esprit de tradition des intérêts matériels s’est perdu lui-même à travers les ravages de toutes nos révolutions. La durée de la vie individuelle est la seule mesure que nous cherchions à ap pliquer à toutes nos entreprises. Il n’en était point ainsi, certes, dans ces temps qui nous ont transmis cette belle ferme de Meslay, encore debout aujourd’hui. Mais quels regrets surtout doit nous laisser l’incomparable grange de Marmou tiers entièrement détruite! l’anéantissement d’un pareil édifice est une perte irréparable pour les arts, et l’avenir n’aura que des malédictions pour ceux qui par convoitise ont porté le marteau destructeur sur tant de merveilles.