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32 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. bâtiments devait être, comme une maison des champs, ouverte à ceux des reli gieux que leur cloître, à cause du voisinage de la ville, pouvait ne point assez préserver des importunités du dehors. Les solitaires eux-mêmes, malgré la rigueur de la règle, surtout au temps de leur plus grande prospérité, n’étaient pas toujours à l’abri des sollicitudes du monde, ni des maux et des ennuis qu’il pouvait leur susciter. C’est pourquoi le repos au sein de la campagne, l’iso lement parfait, ou plutôt la seule compagnie de Dieu, voilà le bien que ces reclus volontaires pouvaient venir chercher dans ces lieux que leurs prédéces seurs avaient sanctifiés de leurs sueurs et de leurs prières. Si l’on se reporte à un siècle en arrière, si l’imagination reconstruit tout ce que la haine aveugle et brutale a renversé de ce qui était renfermé dans l’enceinte de cette grande exploitation agricole; si, d’un mouvement de notre esprit, nous l’animons de tout ce qui en faisait alors la vie, le travail, la simplicité des mœurs, les méditations, les chants religieux, les études graves elles-mêmes; si nous rele vons, à l’aide des souvenirs toujours vivants des contemporains de la chute des bénédictins de Marmoutier, les murs abattus de leur ferme de Meslay, les cloche tons renversés, les voûtes affaissées, les ornements mutilés, les colonnettes brisées; puis, à ce tableau idéal, joignant le tableau réel de ce qui a traversé tant de dangers, et nous reste malgré les périls engendrés par l’ignorance, les préventions systématiques, et tous les intérêts mis en jeu, nous aurons, dans cette vue ainsi reproduite de tant de beaux et considérables objets, une image assez fidèle d’une des plus magnifiques fondations qui aient été consacrées à l’agriculture par nos ancêtres. Qui donc ne s’honnorerait aujourd’hui de comp ter au nombre de ses pères, dans la civilisation, ces moines qui ont assaini et défriché tant de vastes portions de notre sol ? N’est-ce pas à la sainte et persé vérante industrie de leurs successeurs dans le dur labeur de la fertilisation de la terre qu’il a fallu naguère s’adresser pour obtenir des bras capables d’arra cher les ronces de notre Afrique et les remplacer par des épis? Quand on voit la faiblesse des moyens conduire à de si grands résultats, qui n’abandonnerait ses préjugés et ne se rendrait à l’évidence pour rendre justice à de si utiles et si féconds dévouements ? Nous ne sommes encore qu’au seuil d’une de ces métairies cultivées de la main même des fils de saint Benoît, à peine sortons-nous du vestibule de celle qu’ils n’ont peut-être pas élevée avec le plus de magnificence, et déjà nous avons rencontré sous nos pas et sous chacun de nos regards, sans qu’il y ait la moindre profusion, mille objets qui sollicitent l’étude et l’admiration. La porte n’était pas ouverte, qu’un spectacle d’un véritable intérêt se présentait à nous. Le porche lui-même, dans toute sa face du dehors, réunit tant de con venances et d’agréments, qu’il a dû nous arrêter plus qu’aucune des autres parties qui restent à exposer. Il est rare de rencontrer une aussi belle entrée