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20 ARCHITECTURE CIVILE ET DOMESTIQUE. France suivaient cette route pour se rendre, après la cérémonie de leur sacre, aux fêtes qui leur étaient données dans le palais de l’édilité. Qui ne regretterait que chacune de ces solennités nationales ait été une occasion de ruine pour plu sieurs de nos édifices préférés de cette ville ! C’est ainsi que l’on vit abattre, au sacre de Charles X, un grand nombre de statues entières et de beaux ornements en saillie, afin d’éviter des accidents faciles à prévenir sans mutilation. Un oiseau symbolique, dont l’image est restée gravée dans les souvenirs, ne put échapper à ce malheur : c’était un faucon que portait à la main le personnage sculpté au milieu des quatre autres, qui l’accompagnaient, au premier étage de notre édi fice. D’autres signes explicatifs ont peut-être été emportés en même temps. Enfin l’aveugle préjugé, qui anéantissait de la sorte les objets les plus précieux, tend à disparaître. L’on ne voit plus, comme il y a vingt-cinq ans à peine, sacrifier sans honte et sans regrets d’inappréciables richesses. Les efforts de l’archéologie savante nous ont délivrés de cette barbarie moderne, en lui infli geant la peine du mépris qu’elle a si justement encouru: grâce à ses soins, la prévention, l’ignorance et d’autres plus vils motifs ne pourront plus s’entendre pour appauvrir nos monuments ou les raser de fond en comble de la surface du sol. L’édifice civil, à qui nous donnons place ici par une préférence méritée, est assurément, dans ce genre de construction, l’un des plus intéressants qui exis tent aujourd’hui en Europe. La statuaire surtout s’y est élevée à un tel degré de perfection, qu’elle en a fait un type important à conserver comme modèle à étudier et à imiter. Son nom si caractéristique, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer; les parties saisissables de sa disposition d’ensemble; le noble et simple aspect de sa face principale; son large développement dans tous les sens et sans exagération; son bel accès par les deux grandes portes d’entrée; en un mot, toute sa physionomie extérieure annonce une œuvre de goût, en même temps qu’un lieu de délassements et de plaisirs délicats. Les instruments qui prédominent dans les ornements en feront, si l’on veut, une salle d’exercices et de concerts, qui répondrait un peu à ce que nous appelons nos conservatoires. Mais le faucon que nous signalions tout à l’heure ne semblerait-il pas, de son côté, indiquer un autre usage ? Marquerait-il, par exemple, là demeure assignée au fauconnier, au veneur, fonction si recherchée autrefois dans le service des grands et des princes? Peut-être encore serait-ce la chasse, la musique, l’harmo nie qui seraient ici symbolisées, en exprimant par cette poétique allégorie les goûts élevés du maître de céans. Quoi qu’il en soit de ces diverses suppositions, la première paraît pour nous la plus admissible. Nous l’accepterons jusqu’à ce que de patientes recherches dans les titres et les archives de la province, quelques parchemins, découverts par hasard, nous conduisent à d’autres don nées sur ce sujet. Pour asseoir un jugement définitif, les éléments recueillis