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HOPITAL DE BEAUNE. 9 ratives légendes n’ont pas été respectées. Les trois autels, d’une extrême richesse, qui s’élevaient sur cette mosaïque de dalles tumulaires, ont aussi disparu : un seul les remplace aujourd’hui ; les sièges qui l’entourent ne peuvent que nous faire regretter ces loges ou stalles des sœurs, que l’art de cette époque avait embellies de ses plus délicieuses créations. Une vulgaire grille de sépara tion se dresse là où l’on voyait un jubé chargé de charmantes statuettes et cou ronné d’un immense tableau à volets mobiles, triptyque d’un inestimable prix : car c’est la main de Jean de Bruges qui a peint sur ces parois la grande scène du juge ment dernier. Le chancelier flamand d’un duc de Bourgogne, comte de Flandre, ne pouvait s’abstenir, dans sa munificence, de convier à son entreprise le génie si pur et si pieux de Van-Eyck. Puisse, pour l’honneur du pays qui la possède, cette relique précieuse de la première peinture à l’huile n’être jamais détachée du reliquaire que sut lui créer la dernière architecture de l’époque ogivale! Bien que séparée de son irréparable encadrement, par miracle, cette page immortelle n’a pas péri : nous l’allons retrouver tout à l’heure. Non loin de la ligne où s’étendait ce large et beau voile du temple, près du second rang des lits, au nord, l’on remarque une chaire en bois sculpté, à deux rampes : les ornements de ce meuble nouveau ne nous ont point paru en désac cord avec le style général de l’édifice, et tout effort, qui tend de la sorte à se rapprocher de l’œuvre originale, a droit à quelque encouragement. Que n’en puissions-nous dire autant des stalles modernes et des bancs affectés aux reli gieuses : les objets qu’ils remplacent ne peuvent, comme nous l’avons vu, nous laisser que d’impérissables regrets. Avant de quitter ce vaste parallélogramme, nous n’omettrons pas de parler de son important appendice, la sacristie. Sa ser rure ancienne, ses vitraux à sujets, délicates miniatures du xv e siècle, un encen soir de ce temps, parfaitement conservé, de vieilles armoires, quelques vête ments sacerdotaux, dons des premiers bienfaiteurs, les voûtes à belles ner vures et à jolies retombées de cet édicule, en font une dépendance obligée d’un véritable intérêt. Telle est, dans son entier développement, cette por tion primordiale et nécessaire de l’accomplissement du vœu du fondateur. Dans l’état où cette grande aile nous a été transmise, elle reste encore l’une des plus admirables manifestations qui nous aient été léguées par nos pères du respect et de l’amour qu’ils vouaient aux déshérités de ce monde, aux privilégiés de l’évangile; et le mot sardonique de Louis XL* ne prévaudra certes pas pour ôter à ce monument son vrai caractère de sublime et sainte charité. Dieu a voulu, d’ailleurs, que plusieurs générations de la même fa mille apportassent à cette œuvre de pieuse munificence leur concours avec 1. L’histoire a conservé la réflexion de ce roi, à qui l’on voulait faire admirer la charité du chancelier, en lui montrant l’hôpital qu'il avait élevé : « Il était bien juste, dit ce prince, qu’ayant fait tant de pau vres pendant sa vie, il fît bâtir avant sa mort une maison pour les loger. » 2